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Pour citer ce texte : Stéphane Lojkine, cours sur Diderot, 2006-2009.
Dissertations sur Diderot
Cours sur les Salons
de Diderot
Décembre 2007
Dans
« Diderot dans l’espace des peintres », Jean
Starobinski écrit : « les arts sont liés, pour Diderot,
à la vie du sentiment : et le sentiment n’est vraiment le
sentiment que s’il est mobile, variable, porté aux excès, et
traversé par toutes les nuances intermédiaires. […] L’écart
majeur est celui qui s’établit entre l’attrait sensuel et la
représentation du Sacré. L’imagination de Diderot se porte sans
peine d’une sorte d’intérêt à l’autre. » (RMN, 1991,
pp. 21-22.)
Dans
quelle mesure ces propos vous paraissent s’accorder avec la
pratique des premiers Salons et les théories développées
dans les Essais sur la peinture ?
Décembre 2009
Dans
l’article Composition de l’Encyclopédie, Diderot écrit :
« On peut distinguer dans chaque action une multitude
d’instants différents, entre lesquels il y aurait de la maladresse
à ne pas choisir le plus intéressant ; c’est, selon la
nature du sujet, ou l’instant le plus pathétique, ou le plus gai
ou le plus comique ; à moins que des lois particulières à la
peinture n’en ordonnent autrement ; que l’on ne regagne du
côté de l’effet des couleurs, des ombres & des lumières, de
la disposition générale des figures, ce que l’on perd du côté
du choix de l’instant & des circonstances propres à l’action »
(Vers., p. 121)
Expliquez
et commentez ce « choix de l’instant » à la lumière
de votre lecture des Salons.
Janvier 2010
Dans
les Pensées détachées sur la peinture, Diderot écrit :
« L’unité de temps est encore plus rigoureuse pour le
peintre que pour le poète ; celui-là n’a qu’un instant
presque indivisible.
Les
instants se succèdent dans la description du poète, elle fournirait
à une longue galerie de peinture. Que de sujets depuis l’instant
où la fille de Jephté vient au-devant de son père jusqu’à celui
où ce père cruel lui enfonce un poignard dans le sein ! »
(Bouquins, p. 1024)
Dans
quelle mesure cette différence dans le rapport entre temps et
représentation conditionne-t-elle la composition picturale d’une
part, la description des tableaux d’autre part, dans les Salons
de Diderot ?
Janvier 2010, 2e sujet
Expliquez
et commentez, à la lumière de votre lecture des Salons,
cette remarque de Diderot dans les Pensées détachées sur la
peinture :
« J’en demande pardon à Aristote ; mais c’est une
critique vicieuse que de déduire des règles exclusives des ouvrages
les plus parfaits, comme si les moyens de plaire n’étaient pas
infinis. Il n’y a presque aucune de ces règles que le génie ne
puisse enfreindre avec succès. Il est vrai que la troupe des
esclaves, tout en admirant, crie au sacrilège »
Juin 2010
Dans l’article Description de l’Encyclopédie, on peut
lire, sous la plume de l’abbé Mallet, la remarque suivante :
« Une description au premier coup d’œil a l’air
d’une définition ; elle est même convertible avec la chose
décrite, mais elle ne la fait pas connoître à fond, parce qu’elle
n’en renferme pas ou n’en expose pas les attributs essentiels. »
Cette
remarque vous paraît-elle compatible avec la pratique diderotienne
de la description dans les Salons ?
Juin 2010, 2e sujet
Dans
les Pensées sur l’interprétation de la nature, Diderot
écrit :
« Je
regarde Suzanne ; et loin de ressentir de l’horreur
pour les vieillards, peut-être ai-je désiré d’être à leur
place. »
Dans
quelle mesure cette remarque définit-elle plus généralement, dans
les Salons, la place
du spectateur ?
Cours sur « Diderot, une pensée par
l’image »
Mai 2006
Opposant
l’allégorie, « série progressive de moments », au
symbole, « une totalité instantanée », Friedrich
Creuzer affirme que dans la représentation allégorique, la
représentation est distincte de l’idée qu’elle représente,
extérieure à elle, tandis que dans la représentation symbolique
« le concept lui-même est descendu dans le monde des corps, et
c’est lui que nous voyons immédiatement dans l’image »
(cité par W. Benjamin, Origine du drame baroque allemand,
Flammarion, Champs, p. 177). Peut-on dire que la pensée de
Diderot soit, en ce sens, une pensée symbolique ?
Vous
vous appuierez, pour traiter ce sujet, sur des exemples précis, pris
dans l’ensemble des œuvres de Diderot au programme : Lettre sur
les sourds, Salons, Fils naturel, Paradoxe,
Rêve de D’Alembert, Neveu de Rameau.
Juin 2006
Dans
les Entretiens sur le Fils naturel,
Diderot fait tenir à Dorval les propos suivants : « Je
voudrais bien vous parler de l’accent propre à chaque passion.
Mais cet accent se modifie en tant de manières ; c’est un
sujet si fugitif et si délicat, que je n’en connais aucun qui
fasse mieux sentir l’indigence de toutes les langues qui existent
et qui ont existé. On a une juste idée de la chose ; elle est
présente à la mémoire. Cherche-t-on l’expression ? on ne la
trouve point. » (éd. Versini, Bouquins, p. 1146.)
Dans
quelle mesure ces propos s’articulent-ils avec les idées
développées par Diderot dans les œuvres au programme ?
Juin 2006
Expliquez et commentez ces propos d’Anthony Wall, qui
caractérisent la pensée de Diderot et son expression : « Une
transformation radicale a lieu quand la pensée quitte le siège
tranquille de l’esprit pour entrer dans celui, mouvementé, du
corps. […] Le corps parlant n’est pas parfaitement lisse comme
celui, sourd et muet, de la sculpture classique. Par ses
imperfections, chacun des corps de Diderot raconte une histoire. »
(Ce corps qui parle. Pour une lecture
dialogique de Denis Diderot, Montréal, XYZ,
2005, p. 44.)
Septembre 2006
Expliquez et commentez ces propos par lesquels Anthony
Wall définit l’énonciation diderotienne : « Les
espaces d’où parle Diderot sont à la fois réels et fictifs :
un dynamisme palpable dérive de leur juxtaposition hors cadre. Un
espace-temps spécial se construit sur la base d’une
non-coïncidence permanente entre le moment du voir et celui de
l’écrire. L’imagination de l’écrivain se met en marche dans
l’intervalle séparant ces deux moments : il se rappelle ce
qu’il a vu, il y pense comme à un rêve, il se voit même entrer
dans le tableau. » (Ce corps qui parle.
Pour une lecture dialogique de Denis Diderot,
Montréal, XYZ, 2005, p. 44.)
Mai 2007
« Toute l’esthétique de Diderot repose sur l’identification
de la scène théâtrale et du tableau pictural. La pièce parfaite
est une succession de tableaux, c’est-à-dire une galerie, un
salon : la scène offre au spectateur “autant de tableaux
réels qu’il y a dans l’action de moments favorables au peintre”.
Le tableau (pictural, théâtral, littéraire) est un découpage pur,
aux bords nets, qui promeut à la vue tout ce qu’il fait entrer
dans son champ. Le tableau est intellectuel, il veut dire quelque
chose (de moral, de social). » (Roland Barthes, L’Obvie et
l’obtus, « Diderot, Brecht, Eisenstein », Seuil,
p. 87.)
Cette définition de l’esthétique diderotienne vous paraît-elle
compatible avec sa réflexion et sa pratique de l’hiéroglyphe, de
la pantomime et du rêve ?
Vous appuierez prioritairement votre discussion sur les œuvres au
programme : Lettre sur les sourds, Salon de 1765
(« L’Antre de Platon »), Salon de 1767
(« Promenade Vernet »), Neveu de Rameau, Rêve
de D’Alembert, Paradoxe sur le comédien.
Juin 2007
Dans quelle mesure la pensée de Diderot est-elle une pensée
hiéroglyphique ?
Vous appuierez prioritairement votre discussion sur les œuvres au
programme : Lettre sur les sourds (où se trouve la
définition diderotienne de l’hiéroglyphe), Salon de 1765
(« L’Antre de Platon »), Salon de 1767
(« Promenade Vernet »), Neveu de Rameau, Rêve
de D’Alembert, Paradoxe sur le comédien.
Juin 2007
Pour caractériser l’écriture de Diderot, Elisabeth de Fontenay
écrit :
« Comment s’enchaînent ces fragments d’infini qui sont
toujours en même temps mots d’esprit ? Hasard, nécessité,
fécondité toute lucrétienne des cascades de déclinaisons,
l’écriture de Diderot relève en quelque sorte de l’aléatoire. »
(Diderot ou le matérialisme enchanté, p. 18.)
Expliquez et, surtout, discutez cette conception discursive de la
pensée diderotienne, en vous appuyant sur les textes au programme.
Cours sur « Dialogue et dialogisme »
Mai 2008
Dans
une lettre à Sophie Volland, Diderot écrit : « C’est
une chose singulière que la conversation, surtout lorsque la
compagnie est peu nombreuse. Voyez les circuits que nous avons
faits ; les rêves d’un malade en délire ne sont pas plus
hétéroclites. Cependant, comme il n’y a rien de décousu ni dans
la tête d’un homme qui rêve, ni dans celle d’un fou, tout se
tient aussi dans la conversation ; mais il serait quelque fois
bien difficile de retrouver les chaînons imperceptibles qui ont
attiré tant d’idées disparates. » (20 oct. 1760,
CFL IV 920.)
Jacques
le Fataliste et Le Neveu de Rameau vous paraissent-ils
relever de la conversation telle que Diderot la définit ici ?
Juin 2008
Evoquant
l’écriture dialogique de Diderot, Anthony Wall écrit : « On
n’oublie jamais qu’on a affaire à un texte écrit en dépit des
traits d’oralité. L’écriture du récit semble toujours venir
après coup, après que le dialogue a été parlé ; le je
de la narration et le je de tous les personnages s’en
trouvent distingués. » (Ce corps qui parle, XYZ, 2005,
p. 102.)
Expliquez
et discutez ces propos à la lumière du Neveu de Rameau et de
Jacques le Fataliste.
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