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Corésus et Callirhoé : introduction
1. La scène de Fragonard
2. Dispositif de la caverne
3. Dispositif du texte
4. La scène de Diderot
5. Le travail de Fragonard
Annexe 1 : Le texte de Diderot
Annexe 2 : Le texte de Pausanias
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Pausanias, Description de la Grèce, VII, 21, 1-5

Il y a aussi à cet endroit de la cité un temple de Dionysos, dit Calydonien : en effet, la statue de
Dionysos y a été transférée de Calydon. Lorsque Calydon était encore habitée, entre autres
Calydoniens qui furent prêtres du dieu, il y eut notamment un certain Corésus, de tous les hommes celui que les injustes souffrances
de l’amour ont le plus accablé. Il était épris d’une jeune fille nommée Callirhoé. Autant
Corésus avait d’amour pour Callirhoé, autant la jeune fille avait de haine pour lui. Comme, Corésus épuisant
toutes les prières et les promesses de présents, le sentiment de la jeune fille ne changeait pas, il s’en va (variante : il s’assoit) comme suppliant désormais auprès de la statue de Dionysos. Celui-ci entendit les prières du prêtre, et voilà aussitôt que les Calydoniens, comme sous l’effet de l’ivresse, perdaient la raison, et que la mort succédait à leur folie. Ils ont donc recours à l’oracle de Dodone. En effet, ce sont ceux qui habitaient ce continent -- les Etoliens, leurs voisins les Acarniens, et les Epirotes -- pour qui les colombes et leurs oracles rendus depuis le chêne paraissaient comporter le plus de vérité. Alors justement, les oracles de Dodone disaient que c’était la colère de Dionysos, et qu’ils n’en seraient pas délivrés tant que Corésus n’aurait pas sacrifié à Dionysos soit Callirhoé elle-même, soit celui qui aurait le courage de mourir à sa place.
Comme la jeune fille ne se trouvait personne pour la sauver, dans un
second temps elle a recours à ceux qui l’ont élevée. N’obtenant rien d’eux non plus, il ne lui restait
plus qu’à être tuée. Tout ce qui avait été préconisé par Dodone pour le sacrifice
étant prêt, elle fut conduite sur le chemin du temple jusqu’à l’autel. Corésus était
préposé au sacrifice ; mais cédant à son amour plutôt qu’à sa colère, il se
donne la mort à la place de Callirhoé. C’est ainsi qu’il fit voir, par son action, qu’il en était
arrivé à l’amour le plus sincère qui soit parmi les hommes que nous connaissons. Quant à Callirhoé,
quand elle vit que Corésus était mort, le sentiment de la jeune fille changea complètement ; et
(c’était sa pitié pour Corésus et sa honte de tout ce qu’il avait fait pour elle qui la poussaient) elle se
perça la gorge à la source qui se trouve à Calydon non loin du port. Et c’est à cause d’elle que
depuis ce temps l’on appelle la source Callirhoé. (Pausanias, Description de la Grèce, VII, 21, 1-5)
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