|
|
Pour citer ce texte : Stéphane Lojkine, « Peindre la scène : Diderot au Salon », cours donné à l’université d'Aix-Marseille, sept.-déc. 2017, en collab. avec N. Diassinous. Les séances ont lieu le mercredi de 14h à 17h en salle E012.
Peindre la scène : Diderot au Salon
LMDE19 – Littérature et arts – programme 2017
 Nicolas Bernard Lépicié, La descente de Guillaume le conquérant en Angleterre, 1764, 400x845 cm, Caen, Abbaye-aux-Hommes (Hôtel de ville)
Présentation du cours
Après la déroute de l’aventure encyclopédique
et son échec au théâtre, Diderot, sur la proposition de son ami
Grimm, se lance dans la rédaction de comptes-rendus des Salons, les
expositions que l’Académie royale de peinture, au dix-huitième
siècle, organisait tous les deux ans au Salon carré du Louvre.
Présentés comme des lettres familières écrites à Grimm, les
Salons de Diderot étaient diffusés dans la Correspondance
littéraire, un journal manuscrit qu’il destinait à une
poignée d’abonnés princiers des cours de l’Europe du nord et de
l’est.
Diderot
se prend au jeu et, des quelques pages du Salon de 1759,
passe à des volumes en 1765 et en 1767. Pourtant,
au départ, il sait très peu de choses sur la peinture, à laquelle
il ne s’est intéressé que de fort loin dans l’Encyclopédie.
C’est à partir de son expérience de théoricien du théâtre
qu’il aborde la scène picturale, et c’est à l’efficacité
dramatique de la composition qu’il est d’abord sensible. Mais la
peinture résiste à une modélisation purement théâtrale :
Diderot va découvrir progressivement ce qui, dans la peinture,
résiste à la scène. Autour de cette résistance se dessine la voie
diderotienne vers l’esthétique : une voie contradictoirement
platonicienne et matérialiste, aux antipodes de l’esthétique
kantienne.
Calendrier des séances
Mercredi 13 septembre. S. Lojkine. Introduction
Carle
Vanloo, Mlle Clairon en Médée,
Salon de 1759,
p. 194, notice A5234.
Lagrenée,
Mercure, Hersé et Aglaure jalouse de sa sœur,
Salon de 1767,
p. 563, notice A0347.
Mercredi 20 septembre. S. Lojkine. Composition de
la scène d’histoire
 d'après Timomaque, Médée s'apprêtant à tuer ses enfants, 62-79 apr. JC, fresque de la Villa des Dioscures à Pompéi, Naples, Musée national archéologique Timomaque, Médée
s’apprêtant à tuer ses enfants,
notice A5159
Annibal
Carrache, Le Jugement d’Hercule,
notice A0646
Lépicié,
La Descente de Guillaume le Conquérant en Angleterre,
Salon de 1765,
p. 416-418, notice A0322.
Lecture :
Encyclopédie, article Composition
(p. 120-126).
Lettre sur les sourds,
p. 17-19.
Mercredi 27 septembre. S. Lojkine. Le principe de
l’effraction scénique
Cesari,
Suzanne et les vieillards,
B3943
Carle Vanloo, La
Chaste Suzanne, Salon
de 1765, p. 298-300,
notice A0102.
Boucher,
Le Pasteur galant, A0531 ;
L’École de l’amour, A0529 ;
Deux bergères, B0431.
Boucher,
Renaud et Armide, A0525 ;
Renaud endormi, A4611.
Lecture :
De la poésie dramatique,
« De l’intérêt », p. 1305-1310
Pensées détachées sur la peinture,
p. 1020, 1034
Mercredi 4 octobre. S. Lojkine. Crise de la vertu
Boucher,
Bacchantes endormies,
Salon de 1761,
p. 205-206, notice B0518.
Baudouin, La Mère qui surprend sa fille sur une botte de paille,
Salon de 1767, p. 673, notice B1071.
Lecture :
Articles Baudouin du Salon de 1765, p. 371-376 et du Salon de 1767, p. 667-673.
Mercredi 11 octobre. S. Lojkine. Diderot
platonicien ?
Fragonard, Corésus et Callirhoé,
Salon de 1765, p. 423-433, notice A0418.
Lecture : Préambule du Salon de 1767, p. 517-529.
Mercredi 18 octobre. S. Lojkine. La nature morte et le paysage
 Chardin, La Raie, 1725-1726, 114x146 cm, Paris, musée du Louvre Chardin,
La Raie, p. 219
et 265, notice A0485.
Chardin,
Troisième tableau de rafraîchissements. Canard mort
pendu, Salon de 1765,
p. 348, notice A0489.
Chardin, Un
panier de prunes, Salon
de 1765, p. 348-349,
notice A0479.
Lecture : Salon de 1765, article Chardin, p. 345-349.
Essais sur la peinture, « Mes
petites idées sur la couleur », p. 472-477 et Pensées
détachées sur la peinture, « Du coloris, de
l’intelligence de la lumière et du clair-obscur »,
p. 1038-1045.
Salon de 1767, La Promenade Vernet, p. 594-635.
Devoir n°1 à rendre :
Sujet n°1 :
Comparer La Conversion de saint Paul de Deshays (1765, A1617) et
celle de Lépicié (1767, A9614) à partir du compte rendu qu’en fait
Diderot (p.331-332 et 751-752).
Sujet n°2 (création) : Augustin Pajou a eu vent des commentaires
sarcastiques que Diderot avait faits de ses œuvres dans le Salon
de 1765 (voir p. 452-453), et notamment de sa Leçon
d’anatomie(A9619).
Ulcéré, il lui écrit une lettre de 7 pages, dans laquelle il répond à ses critiques, commence par
justifier sa composition, pour échafauder finalement un projet
alternatif.
 Greuze, La Piété filiale, 1761, 115x146 cm, Saint-Petersbourg, Ermitage
Mercredi 25 octobre. N. Diassinous. Révolution de la peinture de genre
Greuze, L’Accordée du village, Salon de 1761, p. 232-235, notice A0392.
(Voir également A2183.)
Greuze, La Piété filiale, Salon de 1763,
p. 275-278, notice A0377.
Lecture :
Essais sur la peinture,
V, « Paragraphe sur la composition où j’espère que j’en
parlerai », p. 496-508.
Mercredi 8 novembre. N. Diassinous. Théâtralité de Greuze – l’innocence éplorée
Greuze, La Jeune Fille qui pleure son oiseau
mort, Salon de 1765, p. 381-384, notice A0386. (Voir
également A0061 et A0390.)
Lecture : Éloge de Richardson
(p. 155-168)
Mercredi 15 novembre. N. Diassinous. Théâtralité
de Greuze – le père et le fils
Greuze, Le Fils ingrat et Le Fils puni,
Salon de 1765, p. 389-393, notices A0372 et A0371.
Lecture : Le Fils naturel
suivi des Entretiens
(p. 1081-1190)
Mercredi 22 novembre. N. Diassinous. La poétique
des ruines — la fin de la scène.
Hubert Robert, Bassin entouré d’une
colonnade (La Villa Giulia), notice A1148.
Hubert Robert, Une cascade tombant entre deux
terrasses, au milieu d’une colonnade, notice A1147.
Hubert Robert, Le Port de Ripetta à Rome, notice A0202.
Lectures :
Diderot, Salon de1767, Hubert Robert, p. 693-723.
Volney, Les Ruines, ou Méditations sur les révolutions des Empires, 1791.
 Hubert Robert, La Passerelle, 1767, 47x66 cm, Philadelphie, Philadelphia Museum of Art
Mercredi 29 novembre. N. Diassinous. La poétique des ruines — l’habitation des ruines.
Hubert Robert, Un
pont sous lequel on découvre les campagnes de Sabine, notice A0201.
Hubert Robert, Vue de la vigne Madame à Rome, notice A0197.
Devoir n°2 à rendre.
Sujet n°1 :
« Peindre comme on parlait à Sparte » (p. 1035)
Sujet n°2
(création) : A l’occasion d’une campagne d’informatisation
des fonds patrimoniaux de la bibliothèque Saltykov-Chtchédrine de
Saint-Petersbourg, un conservateur vient de faire la découverte
d’un fragment autographe inédit de Diderot, consistant dans la
description de 7 tableaux du Salon de 1765. Ces tableaux sont de
Carle Vanloo, Louis Jean François Lagrenée, Jean Baptiste Marie
Pierre, François Boucher, Jean-Baptiste Siméon Chardin et Joseph
Vernet. Le conservateur introduit, édite et annote le manuscrit
qu’il a découvert. A moins qu’il ne s’agisse d’un faux,
délivrant un message politique particulièrement inquiétant…
Mercredi 6 décembre. N. Diassinous. Correction
de la dissertation, préparation au partiel.
Livre au programme
Diderot, Œuvres, tome IV, « Esthétique - Théâtre », Laffont, Bouquins, 1996
Support de cours
Plateforme Ametice, cliquer ICI
Stéphane Lojkine, L’Œil révolté. Les Salons de Diderot, J. Chambon, 2007
Le Goût de Diderot. Greuze, Chardin, Falconet,
David, Hazan, 2013
Le Goût de Diderot. Regards croisés sur une
exposition, Scérén, 2013
Documentaire Diderot au Salon. Vérité, poésie, magie.
|