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Pour citer ce texte : Stéphane Lojkine, « Diderot et les arts », cours donné à l’université d'Aix-Marseille, sept.-déc. 2013
Diderot et les arts
LMDE19 - Littérature et arts - programme 2013
 Louis-Jean-François Lagrenée, Mercure, Hersé et Aglaure jalouse de sa sœur, huile sur toile, 55x72 cm, 1767, musée national de Stockholm En 1759, Diderot, sollicité par son ami Grimm
pour la Correspondance littéraire, entreprend de rendre
compte, en journaliste, des expositions de peinture organisées par
l’Académie royale tous les deux ans au Louvre. Il se prend au jeu : l’exercice devient une œuvre, où Diderot rivalise avec les
peintres et jette les fondements d’une théorie de l’art.
Mais que fait Diderot au juste devant les œuvres ?
Qu’entend-il par « description », qui n’est ni l’ekphrasis
de la rhétorique antique, ni la description des romanciers
réalistes ?
Comment Diderot juge-t-il les œuvres ?
Qu’est-ce que le critère, la question de la vérité ?
Pourquoi en revient-il toujours à la poésie du sujet ? Qu’est-ce
que la magie de l’art ?
L’expérience des Salons suit
immédiatement une expérience théâtrale que Diderot a ressentie
comme un échec : Le Fils naturel (1757) n’a pas pu
être joué à la Comédie-Française ; Le Père de famille
(1758) aura bien du mal à s’imposer, avant de connaître une
carrière européenne. Or ces deux pièces ont fourni à Diderot
matière à une importante réflexion théorique sur la scène, qui
se prolonge, après la grande période des Salons, dans le
Paradoxe sur le comédien (1773).
Du théâtre à la peinture, de la peinture au
théâtre, émerge toute une réflexion sur la scène de la
représentation, que ce cours se propose d’étudier.
Séances du
mercredi, 14h-16h, salle C236
11 septembre.
Introduction à Diderot et aux Salons
18 septembre. La
Suzanne de Vanloo
(p. 298-300)
25 septembre.
Lagrenée, Mercure, Hersé et Aglaure
(p. 563-564)
2 octobre.
Fragonard, Corésus et Callirhoé
(p. 423-431)
9 octobre.
Greuze, L’Accordée de village
(p. 232-235)
16 octobre.
Greuze, La jeune fille qui pleure son oiseau mort
(p. 381-384)
23 octobre.
Leprince, Le Baptême russe (p. 413-415)
6 novembre.
L’article Loutherbourg du Salon de 1765 (p. 398-405)
Devoir à rendre pour le 6 novembre : Deshays, La Résurrection de Lazare, Salon de 1761 (p. 260-262)
13 novembre. La
Promenade Vernet (p. 594-635)
20 novembre.
L’article Robert du Salon de 1767
(p. 693-722)
4 décembre.
Chardin
11 décembre.
Louis-Michel Vanloo, Portrait de Diderot
(p. 531-533)
18 décembre.
Dissertation
Dans La Tache aveugle, Jacqueline Lichtenstein écrit, à propos des relations entre peinture et sculpture au dix-huitième siècle :
« Voir, c’est désirer toucher. Mais le plaisir de voir demande que ce désir soit réfréné. Voir, c’est désirer s'approcher. Mais le plaisir de voir oblige à maintenir une distance. Surtout ne pas toucher. Ou toucher délicatement, toucher avec tact, c’est-à-dire du bout des yeux seulement, sans jamais entrer en contact. » (Jacqueline Lichtenstein, La tache aveugle. Essai sur les relations de la peinture et de la sculpture à l’âge moderne, Gallimard, Nrf Essais, 2003, chap. 2, p. 75)
Dans quelle mesure ces propos vous paraissent-il s’accorder avec l’expérience esthétique de Diderot dans les Salons ?
Bibliographie pour la dissertation :
Jacqueline Lichtenstein, La Tache aveugle. Essai sur les relations de la peinture et de la sculpture à l’âge moderne, Gallimard, Nrf Essais, 2003, chap. 2, qui vous guidera notamment sur les exemples à choisir dans les Salons.
Diderot, Lettre sur les aveugles, in Œuvres, Bouquins, t. 1, et notamment p. 139-152, 165-166, 173-177, 183-5.
Dans les Salons, voyez le Mercure, Hersé et Aglaure de Lagrenée, p. 563-4, et l'article qui lui est consacré.
Dans les Salons et les Pensées détachées, les Suzanne et les vieillards. Voir également ici.
La Lettre sur les sourds (le geste sublime, p. 17-18)
Le Crucifix de Roland de la Porte, p. 228.
Restout, L’Evanouissement d’Esther, p. 242-3.
Pygmalion et Galatée de Falconet, p. 286-7 (voir également Condillac, Traité des sensations)
Greuze, La Mère bien aimée, p. 389 ; Septime Sévère et Caracalla, p. 866-7
Promenade Vernet, p. 598-602 (le tourbillon de poussière)
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