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Pour citer ce texte : Stéphane Lojkine, « Diderot et les arts », cours donné à l’université d'Aix-Marseille, sept.-déc. 2014
Diderot et les arts
LMDE16/LMDE19 - Littérature classique, Littérature et arts - programme 2014
Carle Vanloo, Médée et Jason, avec Mlle Clairon en Médée, 1759, Stiftung Preussische Schlösser und Gärten, Berlin-Brandenburg, Neues Palais.
Présentation du cours
Diderot aimait à se présenter comme un
philosophe et comme un poète (c’est-à-dire un dramaturge) :
certainement pas comme un critique d’art. Pourtant il se lance dans
l’aventure lorsque son ami Grimm lui propose de rédiger pour la
Correspondance littéraire les comptes rendus des expositions
organisées tous les deux ans au Louvre par l’Académie royale de
peinture et de sculpture : les Salons,
qui s’intitulent ainsi du nom du Salon carré du Louvre où se
tenaient les expositions, ne se contenteront pas de décrire et de
juger les œuvres exposées. Diderot y repense le rapport du texte et
de l’image et, à la lumière de son expérience théâtrale,
explore et questionne les
fondements de la représentation artistique contemporaine.
Ce questionnement
s’articule autour des notions de scène et de moment, qui
permettent d’abord à Diderot de penser la peinture en poète,
puis, lorsqu’il acquiert une certaine culture artistique, de se
déprendre du modèle théâtral pour explorer la dimension
proprement scopique de l’art : Diderot s’intéresse alors à
ce qu’il appelle le
technique du peintre,
à la matière picturale, et à tout ce qui peut défaire le cadre
scénique pour ouvrir l’art à un rapport plus immédiat à la
nature.
On se demandera
quels sont les enjeux de ce questionnement.
Enjeux
sémiologiques d’abord : Diderot ouvre l’ère moderne des
dispositifs, il pense l’œuvre comme un dispositif.
Enjeux politiques
également : le dispositif de l’œuvre inscrit l’œuvre dans
un projet intellectuel de création, de réception et de description.
A toutes les étapes de ce projet, l’œuvre prend sens dans son
rapport avec un public, une communauté citoyenne qui délivre et
réélabore sans cesse les
valeurs, au delà du simple
jugement. A ce titre,
l’expérience de l’art
est
déjà une pratique
politique.
Livre au programme
Diderot, Œuvres,
tome IV « Esthétique - Théâtre », Laffont, Bouquins,
1996
Support de cours
Stéphane
Lojkine, L’Œil révolté. Les Salons
de Diderot, J. Chambon, 2007
Le Goût de Diderot. Greuze, Chardin, Falconet,
David, Hazan, 2013
Le Goût de Diderot. Regards croisés sur une
exposition, Scérén, 2013
Programme des séances
Mercredi
17 septembre. Introduction.
Le modèle théâtral
Mercredi 24
septembre. Carle Vanloo, Mlle Clairon en Médée,
Salon de 1759,
p. 194.
Mercredi
1er
octobre. L’article Deshays
du Salon de 1761,
p. 213-216
Peinture d’histoire et peinture de genre
Mercredi 8
octobre. Greuze, La
Piété filiale, Salon
de 1763, p. 275-278
Mercredi 15
octobre. L’article Greuze
du Salon de 1769,
p. 864-869
Mercredi 22
octobre. L’article
Baudouin du Salon de 1765,
p. 371-376
Diderot et Platon : enjeux philosophiques
Mercredi 5
novembre.
L’Antre de Platon, Salon
de 1765, p. 423-431
Devoir
à rendre pour le 5 novembre : Noël Hallé, La
Course d’Hippomène et d’Atalante,
Salon de 1765,
p. 318-319
Mercredi
12
novembre. Le préambule du
Salon de 1767,
p. 517-529
Le technique et l’idéal
Mercredi
19
novembre. Vien, Saint
Denis prêchant la foi en France,
Salon de 1767,
p. 538-548
Mercredi 26
novembre. La nature morte
La fin de la scène
Mercredi 3
décembre. La
Promenade Vernet, p. 594-635
Mercredi
10 décembre. La poétique
des ruines
Dissertation
à rendre pour le 10 décembre (voir
ci-dessous)
Mercredi
17 décembre. Préparation
au partiel de janvier
Dissertation (10
décembre)
Expliquez
et commentez ces propos de Diderot dans les Essais sur la
peinture : « Il
s’agit vraiment bien de meubler sa toile de figures ! Il faut
que ces figures s’y placent d’elles-mêmes, comme dans la nature.
Il faut qu’elles concourent toutes à un effet commun, d’une
manière forte, simple et claire ; sans quoi je dirai comme
Fontenelle à la Sonate : “Figure, que me veux-tu ?” »
(p. 500)
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