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Pour citer ce texte : Francesca Manzari et Stéphane Lojkine, cours d’initiation à la french theory, LMDD20, Université d’Aix-Marseille, Site Schumann, 2e semestre 2014-2015, mercredi 9h-12h, salle C236 Voir le programme 2011, 2012, 2013, 2014, 2016.
Initiation à la
french theory,
programme 2015
LMDD20, Textes
critiques
fondamentaux
 Louis de Caullery, Le Colosse de Rhodes, 1600-1620, huile sur bois, 35x46 cm, Paris, Musée du Louvre (voir La Vérité en peinture, 4. Le colossal, p. 137sq.)
Présentation du cours
Qu’est-ce que la french theory ?
Au départ un corpus de textes théoriques français écrits dans les
années 60 et 70, traduits et diffusés dans les universités
américaines pour donner naissance à de nouvelles disciplines des
sciences humaines : études post-coloniales, féministes, gender
et queer studies…
Ces textes, restés marginaux, parfois tabous, dans l’université
française et notamment dans les départements de lettres, ont fait
le tour du monde et font retour maintenant en Europe, notamment
depuis l’Europe de l’Est, attirée par le tropisme du modèle
universitaire américain.
On
se propose ici de revenir à quelques uns d’entre eux et d’étudier
les modes de pensée et d’élaboration théorique radicalement
nouveaux qu’ils ont instaurés : ce que Jacques Derrida a
introduit sous le nom de déconstruction
procède d’une approche apparemment illogique des événements et
des problèmes. De son côté, Jacques Lacan, en plaçant le travail
du signifiant au cœur de l’expérience psychanalytique, opère
dans un premier temps une apparente rationalisation systématique de
la psychanalyse au moyen de l’appareil théorique de
la
linguistique. Mais cet appareil, radicalement détourné, fait
également l’effet, pour le néophyte, d’une construction
délirante.
Or
cet illogisme délirant, et terriblement séducteur, que l’université
française répugne à adopter en son sein, pourrait
bien avoir cause commune avec le travail même de la littérature :
défiant
les frontières de la rationalité ordinaire, la french
theory
s’est aventurée à l’interface du discours critique et de la
parole créatrice, là où le poète, le romancier, le dramaturge
rassemblent et réverbèrent leurs visions.
 Salvador Dali, Le Colosse de Rhodes, 1954, huile sur toile, 68,8x39 cm, Bern, Kunstmuseum
Sur cette frontière
incertaine, entre repli intime et engagement politique, pourraient se
jouer les termes et les propositions de la civilisation à venir,
dont la révolution se joue aujourd’hui.
Bibliographie (ces livres seront requis pour l’examen)
Jacques Derrida, La Vérité en peinture,
Flammarion, 1978, Champs, 1993
Jacques Lacan, Écrits I, Seuil, 1966,
Points, 1970
Jacques Derrida, Spectres de Marx, Galilée,
1993
Contextes
Jacques Derrida, Glas,
Galilée, 1974 ; Donner la mort, Galilée, 1999 ; Séminaire La bête et le souverain, 2001-2003, 2 vol., Galilée, 2008 et 2010
Jan Patočka, Essais hérétiques, trad. Erika Abrams, Verdier, 1999
François Cusset, French
theory, La Découverte, 2003, La Découverte/Poche, 2005
François Dosse, Histoire du structuralisme,
La Découverte, 1992, rééd. Livre de Poche, 1995, en 2 vol.
Benoît Peeters, Derrida, Flammarion, 2010
Elisabeth Roudinesco, Histoire de la
psychanalyse en France et
Jacques Lacan, Fayard,
1993-1994, rééd. en un vol., Livre de Poche, 2009
Calendrier des
séances
1. Esthétique
mercredi 21
janvier : Introduction à
La Vérité en peinture.
La double colonne (S. Lojkine)
mercredi 28
janvier : Déconstruire
Kant. Le parergon (S.
Lojkine)
mercredi 4
février : L’intertexte
heideggérien. L’Origine de l’œuvre d’art
(S. Lojkine)
mercredi 11
février : L’intertexte
hegelien. Glas (F.
Manzari)
2. Psychanalyse
mercredi 18
février : Déconstruire
Saussure. Le signifiant lacanien (S. Lojkine).
Commentaire
de texte à rendre le 18 février :
« A cette date, le
dernier acte est à New York… La mesure y est de rétorsion
supplémentaire » (La Vérité en peinture,
« Restitutions », p. 310-312)
Pour le
parcours création :
Ecrire un texte de 8
pages dactylographiées
intitulé Déconstruire
le voile, mettant en œuvre les
notions kantienne et derridienne de parergon
ainsi que la notion heideggérienne d’alèthéia.
Le texte peut en outre s’appuyer sur un matériau iconographique
documentaire.
mercredi 4 mars :
Lacan face à la
phénoménologie (S. Lojkine)
mercredi 11
mars : Réception de
Lacan par les philosophes. Le Titre de la lettre
et Résistances de la psychanalyse
(F. Manzari)
mercredi 18
mars : Journée commune
Littérature et Psychanalyse. Prévoir
2 ou 3 exposés.
3. Politique
mercredi 25
mars : La
double conjuration. Spectres
de Marx (S. Lojkine)
mercredi 1er
avril : La question
européenne. Paul Valéry et Jan Patočka (F.
Manzari)
mercredi 8
avril : La notion de
monde. La Bête et le souverain
(F.
Manzari)
mercredi 15
avril : L’intime et le
politique (F. Manzari).
Dissertation
à rendre le 15 avril :
Jacques Lacan,
qui consacre
sous le titre Lituraterre
une séance du Séminaire XVIII
aux rapports entre
littérature et psychanalyse, y avance ceci :
« Que le symptôme institue l’ordre dont s’avère notre
politique, c’est là le pas qu’elle a franchi, implique d’autre
part que tout ce qui s’articule de cet ordre soit passible
d’interprétation. C’est pourquoi on a bien raison de mettre la
psychanalyse au chef de la politique. » (Séminaire XVIII, D’un
discours qui ne serait pas du semblant,
séance du 12 mai 1971, Seuil, 2006,
p. 123.) Vous vous
appuierez, pour discuter cette
proposition, sur votre lecture de La Vérité en peinture,
des Écrits de Lacan
et de Spectres de Marx.
Pour le
parcours création :
Ecrire la première scène
d’une pièce de théâtre intitulée Hamlet après
Derrida, qui reprendrait le
dispositif de la première scène d’Hamlet.
La scène, longue de 8 pages
dactylographiées, sera
écrite en plusieurs langues et mobilisera les notions philosophiques
abordées en cours, de façon à la fois comique et sérieuse.
Conclusion
mercredi 22
avril : Correction du
devoir (F. Manzari)
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