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 Le viol de Lucrèce - Agostino Veneziano d’après Raphaël
Stéphane Lojkine, cours donné à l'université de Toulouse-Le Mirail de 2006 à 2007
UE4, LM0004, littérature comparée, 1èree année, 2e semestre
le mardi, 14h-16h, salle 215
Littérature et brutalité (le cours)
Enjeu théorique du cours :
Tout récit littéraire construit une représentation : il s’éloigne alors
nécessairement du réel dont il est censé rendre compte. La représentation suppose un sens et une
mise en forme, une organisation de la matière du récit. Elle s’oppose ainsi radicalement à la
brutalité, qui surgit dans le réel sans intention ni signification. Or précisément parce qu’elle
récuse toute mise en scène, la brutalité constitue le cœur, l’enjeu et la justification du
récit littéraire. Viols, meurtres, attentats : voilà de quoi parle la littérature. Ne pouvant
en restituer immédiatement la brutalité, elle construit pour en rendre compte le dispositif de ses
récits.
Œuvres étudiées
Gaston LEROUX, Les Aventures extraordinaires de Rouletabille reporter, tome 1, éd.
Francis Lacassin, Laffont, Bouquins, 1988
Fédor DOSTOÏEVSKI, Les Démons, trad.
André Markowicz, Actes sud, Babel, 1995 (3 volumes)
Samuel RICHARDSON, Lettres
angloises ou Histoire de Miss Clarisse Harlove, trad. Antoine-François Prévost
d’Exiles
Lectures critiques
Roland BARTHES, Essais critiques, Préface (texte fourni
en cours)
Mikhaïl BAKHTINE, La Poétique de Dostoïevski, trad. Isabelle Kolitcheff,
Seuil, 1970
Brutalité et représentation, dir. M.
Th. Mathet, L’Harmattan, 2006
Sujets de dissertation
Mai 2007
Dans L’Espace littéraire, Maurice Blanchot écrit : « Parler,
c’est essentiellement transformer le visible en invisible, c’est entrer dans un espace qui n’est pas divisible,
dans une intimité qui existe pourtant hors de soi. » (1955, Idées/Gallimard, p. 184.) Apr&eagrave;s
avoir dégagé le caractère profondément paradoxal de cette affirmation, vous vous demanderez dans quelle
mesure elle définit ce qu'il en est de tout dispositif de récit. Vous étaierez votre réflexion sur les
œuvres au programme : Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux, Les Démons de
Dostoïevski, Clarisse de Richardson.
Mars 2007
Expliquez et commentez ces propos d’un critique contemporain : « La violence pour
se montrer exige une scène, car elle promeut un sens et appelle la représentation. En revanche
la brutalité est sans visage, sans parole ni sens. Elle ne s’exhibe pas sur une scène, ne se cache
pas derrière un écran. Issue de la combinaison d’une
force et d’un hasard, elle ne se constitue même pas en événement. Elle est un trou, un blanc, dans la
représentation. » (Brutalité et
représentation, dir. M. Th. Mathet, L’Harmattan, 2006, p. 20.)
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