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Lire l’introduction Présentation générale Livre suivant Tous les livres Compte rendu : Stéphane Lojkine, La Scène de roman. Méthode d’analyse, Armand Colin, 2002, 256 p.Ce n’est pas rien que de
vouloir, dans un livre à destination pédagogique, repenser
globalement l’histoire des représentations, en installant au cœur
des études littéraires une catégorie nouvelle et transcendante aux
genres et aux rhétoriques du discours. C’est l’objectif,
ouvertement ambitieux, de l’ouvrage de Stéphane Lojkine, La Scène
de roman, qui, sous couvert de proposer une méthodologie de la
lecture fondée sur l’étude de l’inscription des codes picturaux
dans la trame narrative, cherche à démontrer comment l’histoire
de la culture serait marquée par une subversion progressive « du
modèle textuel » par un modèle « iconique ». Située au
carrefour de la peinture et du théâtre, la scène serait le « médium
vers lequel tous les arts convergeraient », puisqu’elle
« prépare la culture [contemporaine] de l’image » ;
elle répondrait « à une crise générale de la
représentation, qui se traduit par la décadence et la dissolution
d’une culture du mythe et de l’épopée », et qui
conduiraient les scènes romanesques à devenir au cours des siècles
« le noyau fondamental et unique à partir duquel se construit
le roman, voire l’œuvre toute entière ». Cette thèse, qui
ne cache pas sa dette envers Debray, Lacan, Kristeva ou Derrida, est
appuyée par une dizaine de commentaires composés – classiquement
tripartites – de Chrétien de Troyes à Nathalie Sarraute,
d’innombrables dessins (qui voudraient schématiser l’espace
concret et symbolique des passages étudiés) et un appareil
conceptuel importé de la sémiologie comme de l’histoire de la
peinture et de la photographie (« écran », « dispositif
scénique », « dimension scopique »). En chaque
point de la culture, cherche à démontrer Stéphane Lojkine, les
scènes trahiraient un conflit entre le visuel, c’est-à-dire, pour
l’auteur, le réel, et les structurations discursives du signifié,
qu’elles « déconstruiraient ». Même si l’on accepte le langage conceptuel de Stéphane Lojkine, dont la complexité et la spécialisation étonnent dans un ouvrage destiné à des étudiants, on s’étonnera d’une telle dramatisation de l’histoire du roman, dans laquelle on peut apercevoir autre chose que le naufrage sans cesse recommencé du discours narratif sur l’écueil du visible. |