Le Livre de Judith est écrit en grec, il ne fait donc pas partie des canons juif et protestant. Une version originelle en hébreu ou araméen a peut-être existé, mais le texte actuel date du second ou du Ier s. av. J-C. On ne sait quel est le fondement historique de l'histoire qui nous est racontée, selon laquelle Nabuchodonosor, présenté comme roi de Ninive en Assyrie (le Nabuchodonosor historique était roi de Babylone et Chaldéen), envoie son général Holopherne assiéger Béthulie, ville apparemment imaginaire de Judée…
C’est un vrai roman qui met face à face le général Holopherne et Judith. Le premier, après avoir ravagé le pays, assiège Béthulie et menace le Temple de Jérusalem. Alors que les assiégés se montrent incapables de réagir, Judith, jeune, chaste et belle veuve, se lève et promet que « le Seigneur visitera Israël par son entreprise » (8, 33). Portée par cette détermination, elle utilise la ruse et la séduction pour arriver à ses fins, tuer Holopherne et libérer la ville.
Représentations de Judith au Moyen Âge
La Bible d'Utrecht
Cinq images permettent de voir quelques étapes importantes du récit, Judith est facile à reconnaître, car elle est toujours habillée et coiffée de la même façon, et toujours accompagnée de sa servante.
- Judith entre dans le camp
- Judith tue Holopherne
- Judith présente la tête d'Holopherne au peuple de Béthulie
- La tête d'Holpoherne est brandie sur les murailles
- Judith reçoit bénédiction du grand prêtre Joachim
Le Speculum humanae salvationis (Miroir du salut de l'homme)
Le Speculum obéit à une logique typologique, qui est expliquée ici.
Après sa mort sur la croix, le Christ triomphe du diable. A la suite de cette vignette, l'enlumineur a représenté sept événements bibliques qui en sont la préfiguration. Trois rappellent des hommes tuant des êtres assimilés au diable. Puis, après une vignette concernant Marie, suivent trois vignettes, où ce sont des femmes qui mènent et réussissent le combat contre le diable. Judith prend sa place parmi elles.
- Jésus après sa mort sur la croix terrasse le diable
- Trois hommes terrassent le démon : deux tuent des lions, le troisième un roi ennemi.
- Marie triomphe du démon : dans cette vignette où elle terrasse le diable avec les instruments de la Passion, Marie apparaît comme médiatrice et permet de passer des figures masculines aux féminines.
- A leur tour deux femmes de la Bible, Judith et Yaël, terrassent le mal. La troisième, Thomyris, est plus surprenante, puisqu’il s’agit d’une héroïne de l’histoire grecque rapportée par Hérodote. Cela montre que les grands récits de l’antiquité païenne peuvent aussi être pris au Moyen Âge, comme des préfigurations de l’histoire chrétienne.
Représentations de Judith depuis la Renaissance
Depuis la Renaissance jusqu’au XVIIIe siècle les peintres ont largement représenté cette héroïne. biblique. Mais sa représentation a évolué : la Judith médiévale était une figure allégorique, elle représentait des vertus comme la Chasteté, l’Humilité, la Force. A la fin du Moyen Âge Judith devient l'image de la Justice. Les représentations de la Renaissance privilégient la mise en scène dramatisée de l'histoire, dans laquelle Judith est de plus en plus érotisée.
Les images sont présentées épisode après épisode dans l'ordre du récit. Chaque notice propose une analyse de l'œuvre :
Judith se prépare à tuer Holopherne
Judith décapite Holopherne dans sa tente
Judith face à la mort d’Holopherne
- 1530 Judith avec la tête d’Holopherne - Cranach
- 1515 Judith et la tête d’Holopherne (autrefois Salomé) - Titien
- 1579 Judith et Holopherne - Tintoret
- 1617 Judith avec la tête d’Holopherne (version de Braunschweig) - Rubens
Judith s'enfuit avec sa servante
- 1530 Judith et Holopherne (marquetterie de la cathédrale de Bergame) - Lorenzo Lotto
- 1470 Le retour de Judith à Béthulie - Botticelli
- 1503 Judith avec la tête d’Holopherne - Giorgione
Judith présente la tête d'Holopherne au peuple de Béthulie
- 1593 Judith montre la tête d’Holoferne au peuple - Bloemaert
- 1730 Judith présentant la tête d’Holopherne aux habitants de Béthulie - Solimena
Les officiers d’Holopherne découvrent le corps de leur général
Bibliographie
Renaud Villard, « La Tentation de Salomé : l’érotisation de Judith et l’effacement du tyrannicide en Italie, XVe-XVIIe siècle », Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 118, n°2. 2006. Fidelitas, en particulier p. 343-355.
Toutes les Judiths d'Utpictura18