Andromache weeping before Ulysses - Doyen
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Description
Livret du Salon de 1763 :
« Par M. Doyen, Académicien.
120. Andromaque, ayant cachĂ© Astianax, fils unique dâHector, dans le tombeau de son pere, pour le dĂ©rober Ă lâinquiĂ©tude quâen avoient conçu les Grecs malgrĂ© leur victoire, & quoiquâil ne fut quâun enfant : les vents contraires sâopposant Ă leur retour aprĂšs la ruine de Troye ; Calchas dĂ©clara quâil falloit prĂ©cipiter Astianax du haut des murailles, de crainte quâun jour il ne vengeĂąt la mort de son pere. Ulysse, chargĂ© du soin de le chercher, le dĂ©couvre & fait exĂ©cuter les ordres de Calchas. Le Peintre a pris le moment oĂč Andromaque fait les derniers efforts pour arracher son fils des mains dâun Soldat ; mais ses cris ne peuvent empĂȘcher lâexĂ©cution des ordres dâUlysse. Il commande quâon le prĂ©cipite du haut de la Tour dâIllion.
Ce Tableau de 21 pieds de large, sur 12 pieds de haut, appartient Ă lâInfant Dom Philippe, Duc de Parme & de Guastalle. »
Mercure de France, novembre 1763Â :
« Ainsi que tous les Amateurs de la gloire de lâArt, nous avons dĂ©jĂ applaudi au beau feu & Ă la courageuse Ă©mulation de M. Doyen. Câest avec un nouveau plaisir que nous le voyons continuer de sâexercer dans le plus grand genre & sur des Sujets empruntĂ©s du plus grand Peintre en PoĂ«sie. (a)
Celui du Tableau de cette annĂ©e, est le moment oĂč Uysse vient de faire tirer Astianax du Tombeau de son PĂšre, & oĂč il comande de prĂ©cipiter cet Enfant du haut des murailes, malgrĂ© les cris & tous les efforts dâAndromaque pour arracher son fils des mains du Soldat qui sâen est saisi. (b)
La composition de ce Tableau est sans contredit une des grandes machines, quâon entreprenne en Peinture. LâAuteur, soit pour la rendre plus distincte, soit pour quelquâautre raison que nous ignorons, semble avoir divisĂ© sa ScĂšne en deux Parties. Un intervalle vuide & assez considĂ©rable sĂ©pare Ulysse & sa suite, des groupes que forment Andromaque avec ses suivantes, Astianax, ses ravisseurs, &c. Pour comprendre comment se trouve cet intervalle, il faut sçavoir que le site sur lequel sont les Personnages de lâaction, est de beaucoup plus Ă©levĂ© que le Plan Ă©loignĂ© oĂč paraissent, au milieu, les troupes de Soldats dont on nâapperçoit que le sommet des tĂȘtes. Les Connoisseurs, ainsi que ceux qui ne jugent que par sentiment naturel, seront toujours Ă©galement contens de la grande & touchante expression qui rĂšgne dans toute la partie qui comprend les groupes dâAndromaque & de ses Suivantes. On reconnoĂźt & on doit ĂȘtre pĂ©nĂ©trĂ© de la belle intention qui caractĂ©rise sur-tout la douleur dâAndromaque. La chaleur & le sentiment nâont peut-ĂȘtre pas permis au Peintre de conserver une sorte de proportion subordonnĂ©e entre les signes expressifs de cette Figure principale & ceux des Femmes qui lâaccompagnoient : mais plus on connoĂźtra la grande expression du PathĂ©tique en Peinture, plus on trouvera de belles choses Ă remarquer dans cette partie du Tableau. Lâautre partie, oĂč lâon voit Ulysse, Ă la tĂȘte des Chefs de lâArmĂ©e, donner lâordre barbare qui fait le point de lâAction, pourroit peut-ĂȘtre donner lieu Ă plus de critique. Nous nâen entreprendrons pas la discussion. Plein de son Sujet, rempli du sublime de son PoĂ«te, du caractĂšre des Personnages, il ne seroit pas Ă©tonnant que le Peintre eĂ»t un peu exagĂ©rĂ© les attitudes ; & que la sagesse & les grĂąces des proportions nâeussent cĂ©dĂ© quelquefois, ainsi que la vĂ©ritĂ© des couleurs locales, au feu de lâinspiration. Nous ne pensons ĂȘtre dĂ©mentis par personne & pas mĂȘme par ses rivaux, en donnant de justes Ă©loges au beau gĂ©nie de cet Artiste, & en lâexhortant encore plus que jamais par une application digne de ses grands talens, de porter la perfection dans la pratique, au mĂȘme degrĂ© dâĂ©lĂ©vation que nous reconnoissons dans ses pensĂ©es.
Ce grand Morceau est le seul Ouvrage de M. Doyen qui ait été exposé cette année. La grandeur du Sujet & le mérite du genre, dédommagent du nombre. » (p. 188-191)
(a) HomĂšre.
(b) Ce Tableau a 21 pieds de large sur 12 pieds de haut. Il appartient Ă lâInfant Duc de Parme.
3. Chùteaubrun avait fait représenter au Théùtre Français un Astyanax, le 5 janvier 1756 : malgré le succÚs des piÚces précédentes de Chùteaubrun, PhiloctÚte et Les Troyennes, la piÚce tomba à la premiÚre représentation. Voir Corr. litt., 15 janvier 1756, éd. Tourneux, t. III, p. 156.
Technical Data
Notice #000746