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Recherche infructueuse

Voyage de Critile & d'Andrenius 2 (Drawings for the Cabinet des Fées) - Marillier

Notice précédente Notice n°126 sur 126

Date :
1785
Type of image :
Dessin (lavis)
Fonds Rothschild, Picot 225
Legend

Description

Critile est Ă  la recherche de son ami Andrenio, sĂ©duit par une magicienne, Falsirene, qui l’a fait disparaĂ®tre. N’ayant rien trouvĂ© Ă  Madrid, il dĂ©cide de partir consulter Artemie. En chemin, il rencontre un homme qui « avoit six sens de nature, un plus que les autres Â» : Egenie. Egenie l’accompagne Ă  la Cour pour trouver son ami, Ă©soit qu’il soit encore homme, ou qu’il soit tout-Ă -fait devenu bĂŞte Â».

« Attends, repliqua Egenie, laisse-moy appliquer mon sixiĂ©me sens, seul remede contre les charmes du sexe : voilĂ  ce gros monceau d’ordures d’oĂą il sort une fumĂ©e Ă©paisse, il y a lĂ  du feu : ils jetterent tout le fumier qui bouchoit la porte d’une Cave horrible, ils l’ouvrirent avec peine, & apperceurent dedans, Ă  la lueur d’un feu soĂ»terrain, plusieurs corps sans ame, Ă©tendus contre terre : il y en avoit de jeunes fort bien faits ; des gens de Lettres & des sçavans, des vieillards riches, qui avoient seulement les yeux ouverts, d’autres qui les avoient bandez avec des linges rudes. En quelques-uns, il n’y avoit presque plus d’autre marque de vie que des soĂ»pirs, ils Ă©toient si nuds qu’on ne leur avoit pas laissĂ© de quoy les ensevelir ; enfin vers le milieu ils trouverent Andrenio, mais si changĂ© que Critile avoit de la peine Ă  le reconnoĂ®tre ; il se jetta sur luy, & l’embrassa en pleurant, il luy prit la main sans y toruver ny poulx ny chaleur. Cependant Egenie reconnut que la lumiere qui Ă©clairoit ce lieu, ne venoit pas du feu, mais d’une main qui sortit de la muraille ; elle estoit entourĂ©e d’un bracelet de perles, & dans les doigts Ă©toient des diamans qui brilloient comme autant de flambeaux, & cette lumiere produisoit un feu qui embrasoit jusqu’aux entrailles. Quelle main est-ce lĂ  demanda Critile ? ce ne peut-estre que la main d’un bourreau, rĂ©pondit Egenie, puisqu’elle Ă©touffe, & qu’elle tuĂ« : il la toucha, & aussi-tost ils se sentirent tous deux Ă©mus. Enfin, Egenie voulut essayer s’il ne pourroit point luy Ă´ter son feu. VilĂ , dit-il, un feu de goudron, que le vent des amoureux soĂ»pirs, & l’eau des larmes augmentent ; n’importe j’en connois le remede : en effet, il jetta de la poussiere & d ela terre dessus, & ainsi il Ă©teignit ce feu, & dĂ©s qu’il fut Ă©teint, tous ces Cadavres se ranimerent. Â»

History :

1. Au-dessus du dessin Ă  gauche « voyage de critile et d’andrenius Â», Ă  droite « n° 54 Â»
LĂ©gende dans le cartouche : « Il lui prit la main sans y trouver ny | poulx ny chaleur. Â»
2. Origine de ce livre :
[Baltasar Gracián,] El Criticon, Por Lorenzo Gracián, 3 vol. in-8°, 1651, 1653, 1657.
Trad. italienne : Il Criticon, Venise, N. Pezzana, 1685, 312p. in-4°.
Trad. française : L’homme détrompé ou le Criticon de Baltazar Gracian. Traduit de l’Espagnol [par M. de Maunoy selon la Bibliothèque universelle des romans, mai 1781], La Haye, Jacob van Ellinckhuysen, 1708, 3 vol. in-12. (1 ex. à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, L. & L. 4472).
3. Marillier réalise ce dessin pour les Voyages imaginaires, romanesques, merveilleux, allégoriques, amusans, comique et critiques, suivis des Songes et visions, et des Romans cabalistiques, Amsterdam et Paris, rue et hôtel Serpente, 1787-1789, 39 vol. in-8°.

Textual Sources :
B. Gracian, El Criticon (1651, 53 et 57)

Technical Data

Notice #008610

Image HD

Past ID :
A7929
Image editing :
Photo numérique