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Recherche infructueuse

The King's daily audience (L'an 2440, ed. 1786)

Notice n°1 sur 3 Notice suivante

Date :
1786
Type of image :
Gravure sur cuivre
FD1452
Legend

Description

Chapitre XXXV. Salle du TrĂ´ne.

« […] J’arrivai dans une salle immense, soutenue par plusieurs colonnes. J’avançai, et je parvins Ă  voir le trĂ´ne du monarque. Non : il est impossible de concevoir une idĂ©e plus belle, plus noble, plus auguste, plus consolante de la majestĂ© royale. Je fus attendri jusqu’aux larmes. Je ne vis ni Jupiter tonnant, ni appareil terrible, ni instrument de vengeance. Quatre figures de marbre blanc, reprĂ©sentant la force, la tempĂ©rance, la justice & la clĂ©mence, portoient un simple fauteuil d’ivoire blanc, Ă©levĂ© seulement pour faciliter la portĂ©e de la voix. Ce siĂ©ge Ă©toit couronnĂ© d’un dais suspendu par une main dont le bras sembloit sortir de la voute. Ă€ chaque cĂ´tĂ© du trĂ´ne Ă©toient deux tablettes ; sur l’une desquelles Ă©toient gravĂ©es les loix de l’État & les bornes du pouvoir royal, & sur l’autre les devoirs des rois & ceux des sujets. En face Ă©toit une femme qui allaitoit un enfant, emblĂŞme fidelle de la royautĂ©. La première marche, qui servoit de degrĂ© pour monter au trĂ´ne, Ă©toit en forme de tombe. Dessus Ă©toit Ă©crit en gros caractères : l’ÉternitĂ©. C’étoit sous cette première marche que reposoit le corps embaumĂ© du monarque prĂ©dĂ©cesseur, en attendant que son fils vĂ®nt le dĂ©placer. C’est de-lĂ  qu’il crioit Ă  ses hĂ©ritiers qu’ils Ă©toient tous mortels, que le songe de la royautĂ© Ă©toit prĂŞt Ă  finir, qu’ils resteroient alors seuls avec leur renommĂ©e ! Ce lieu vaste Ă©toit dĂ©ja rempli de monde, lorsque je vis paroitre le monarque revĂŞtu d’un manteau bleu qui flottoit avec grace. Son front Ă©toit ceint d’une branche d’olivier ; c’étoit son diadĂŞme : il ne marchoit jamais en public sans ce respectable ornement qui en imposoit aux autres & Ă  lui-mĂŞme. Il se fit des acclamations lorsqu’il monta sur son trĂ´ne. Il ne paroissoit pas indiffĂ©rent Ă  ces cris de joie. Mais Ă  peine fut-il assis qu’un silence respectueux s’étendit sur cette nombreuse assemblĂ©e. Je prĂŞtai une oreille attentive. Ses ministres lui lurent Ă  haute voix tout ce qui s’étoit passĂ© de remarquable depuis la dernière sĂ©ance. Si la vĂ©ritĂ© eĂ»t Ă©tĂ© dĂ©guisĂ©e, le peuple Ă©toit-lĂ  pour confondre le calomniateur. On n’oublioit point ses demandes. On rendoit compte de l’exĂ©cution des ordres ci-devant donnĂ©s, & cette lecture Ă©toit toujours terminĂ©e par le prix journalier des vivres & des denrĂ©es. Le monarque Ă©coutoit, & d’un signe de tĂŞte approuvoit ou remettoit les choses Ă  un plus ample examen. Mais si du fond de la salle il s’élevoit une voix plaignante & condamnant quelques articles, fĂ»t-ce un homme de la dernière classe, on le faisoit avancer dans un petit cercle pratiquĂ© au pied du trĂ´ne. LĂ  il expliquoit ses idĂ©es, & s’il se trouvoit avoir raison, alors il Ă©toit Ă©coutĂ©, applaudi, remerciĂ© ; le souverain lui jettoit un regard favorable : si, au contraire, il ne disoit rien que d’absurde, ou grossiĂ©rement fondĂ© sur un intĂ©rĂŞt particulier, alors on le chassoit avec ignominie, & les huĂ©es des assistans l’accompagnoient jusqu’à la porte. Chacun pouvoit se prĂ©senter sans autre crainte que celle d’attirer la dĂ©rision publique, si ses vues Ă©toient fausses ou bornĂ©es. Â»

History :

1. LĂ©gende sous l’image : « Salle du TrĂ´ne Â».
2. Frontisipice du tome II.

Textual Sources :
L.-S. Mercier, L’an deux mille quatre cent-quarante (1771)

Technical Data

Notice #012961

Image HD

Past ID :
B2280
Image editing :
Image web