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Recherche infructueuse

Rodomont in Paris, Griffon & Martan in Damascus (Roland furieux, Valgrisi, 1560 ch17)

Date :
Entre 1556 et 1560
Type of image :
Gravure sur bois
Dimensions (HxL cm) :
21,3x13,8 cm

Description

Au tout premier plan, les crĂ©neaux portent l’inscription [P] A.R. I.G. I. Rodomont porte le carnage dans Paris (le chant XVII est le chant de la furor di Rodomonte, str. 6). A droite, armĂ© de son Ă©pĂ©e et d’une torche (str. 9), il brise la porte du palais impĂ©rial oĂą le peuple s’est rĂ©fugiĂ©, tandis que du balcon on fait pleuvoir sur lui tout en haut Ă  droite un rocher et, arrivĂ© juste au dessus de son Ă©pĂ©e, un dĂ©bris de crĂ©neau (str. 10). Devant ce carnage, Charlemagne (CAR.) en bas Ă  gauche parle Ă  ses mains, ouvertes paumes vers le haut, pour les encourager Ă  la riposte (Carlo si volse a quelle man robuste, str. 14). Derrière lui, de gauche Ă  droite, on reconnaĂ®t Ă  leurs initiales Ogier (UG. pour Ugiero sur la croupe du cheval en bas), Nayme (NA sur lune autre croupe au dessus), Avin (AVI sur son casque), Avolin (AVO), BĂ©ranger (BER juste au dessus), Othon (OT), Olivier (VLI pour Ulivier).    Juste au-dessus, les mĂŞmes chevaliers foncent lances baissĂ©es contre la poitrine de Rodomont (RODO, str. 16).    

Ă€ la strophe 17, rupture narrative : « che tempo è ritornar dov’io lasciai / Grifon », car il est temps de retourner oĂą j’ai laissĂ© Griffon, aux portes de Damas. La partie supĂ©rieure de la gravure reprĂ©sente la ville de Damas, sĂ©parĂ©e de Paris par une bande de terre entre deux murailles. DAMAS est inscrit sur la muraille, au centre exact de la gravure.    

Ă€ gauche, Griffon (GR), Origille (HO) et Martan (MAR) s’avancent vers un chevalier qui leur offre l’hospitalitĂ© dans son palais et les convie au tournoi organisĂ© par Noradin le lendemain (str. 22).    

[Ici prend place le rĂ©cit enchâssĂ©, expliquant les raisons de ce tournoi : Noradin et sa fiancĂ©e Lucine ont Ă©tĂ© tenus prisonniers pendant quatre mois par un ogre. Un tournoi tous les quatre mois devra commĂ©morer leur salut, str. 25-68. Le rĂ©cit, réécriture parodique de l’histoire d’Ulysse et de Polyphème, raconte comment, pour Ă©chapper Ă  l’ogre berger aveugle, Noradin et ses compagnons s’enduisirent de graisse de bouc puant et se couvrirent de leur peau pour imiter les bĂŞtes du troupeau. Lucine est exposĂ©e attachĂ©e sur un rocher, comme par rĂ©miniscence d’AngĂ©lique et d’Olympe chez les Ébudiens. Ogre se dit en effet orco, et orca est l’orque marine qu’affrontent Roger puis Roland aux chants 10 et 11.]    

Dans la loge du premier Ă©tage, ils participent Ă  un banquet. Ă€ droite, le roi de Damas, Noradin, prĂ©side depuis la loge de son palais au tournoi. Des tentures sont suspendues aux fenĂŞtres (str. 20). Tandis que, dans le coin infĂ©rieur droit, Martan (MAR.) tombe de son cheval et mord la poussière (str. 89, dans le texte, il fuit), Ă  sa gauche, Griffon (GRI) est victorieux Ă  la lance contre trois chevaliers qui l’affrontent, juste au dessus de lui (ils sont huit dans le texte, str 84-102). Noradin descendu dans la lice (NO au centre) partage alors les chevaliers en deux troupes pour de nouvelles joutes (str. 105).    

Après le combat, Griffon, honteux de la conduite de Martan, quitte la ville. On les voit (GR, HOR pour Origille, et MAR) en haut sur la droite faisant route vers l’auberge oĂą ils passeront la nuit (str. 107-108). LĂ  Martan vole le cheval, les armes et les habits de Griffon (Martan revĂŞt les vĂŞtements nobles de Griffon, comme Noradin a revĂŞtu la peau ignoble du bouc).    

Sur la gauche, Martan (MAR) qui a revĂŞtu l’armure de Griffon se rend avec Noradin dans un palais hors les murs pour un festin : « La bella loggia sopra ’l muro usciva », la belle loge du premier Ă©tage saillait au dessus de l’enceinte de la ville (str. 120). De la loge, les convives voient arriver Griffon, avec les vĂŞtements de Martan. Griffon est saisi par un baron de Noradin Ă  la porte de la ville (GRI, sous la porte, str. 128).    

LigotĂ© sur un chariot tirĂ© par deux vaches, il est livrĂ© aux outrages de la foule, sur la gauche et le long de la palissade (str. 131). Un homme s’en prend aux armes de Griffon traĂ®nĂ©es derrière le char (str. 133).    

Conduit hors de la ville pour en ĂŞtre banni, Griffon (GRI), Ă  qui on a rendu ses armes après l’avoir fait descendre du chariot, met en dĂ©route la populace (str. 135).        

La composition tripartite de la gravure est nettement dĂ©limitĂ©e par les murailles :    

  1. Les murailles de Paris, en bas, dĂ©limitent la « furor » de Rodomont, anti-performance absolue puisque celui-ci massacre en dehors de toutes les règles de la chevalerie.    
  2. Les murailles de Damas, au-dessus, sont le lieu du tournoi oĂą Griffon, le preux chevalier, triomphe de Martan, le traĂ®tre et le fourbe. Mais elles sont aussi le lieu par oĂą passe la charette d’infamie Ă  laquelle Griffon trahi est attachĂ©.    
  3. Enfin, les environs de Damas, reprĂ©sentĂ©s tout en haut au delĂ  des murailles de Damas, organisent la refondation symbolique, avec la rĂ©volte et la libĂ©ration de Griffon Ă  droite, le banquet chez Noradin Ă  gauche, en l’honneur de Griffon (mĂŞme si c’est Martan dĂ©guisĂ© qui prend traĂ®treusement sa place).    

Cet éclatement en au moins trois grands territoires narratifs est compensé par le regard surplombant des personnages des façades de droite : au premier plan, les Parisiens qui jettent des pierres sur Rodomont ; au second plan, Noradin et sa cour qui assistent au tournoi.

History :

2. Le P qui manque correspond à un blanc dans la gravure, c’est-à-dire à une partie qui lors de la mise sous presse soit manquait, soit n’a pas marqué.

Textual Sources :
ROLFUR17 : Roland furieux, chant 17

Technical Data

Notice #001307

Image HD

Past ID :
A0626