Belvedere torso - Apollonius, son of Nestor
Description
Le Torse, trĂšs admirĂ© par Michel-Ange, a dâabord Ă©tĂ© reconnu comme celui dâHĂ©raclĂšs. Winckelmann lâanalyse longuement en 1764 dans son Histoire de lâArt dans lâAntiquitĂ©.
Il est assis sur une peau de bĂȘte : si câest une peau de lion, ce serait celle du lion de NĂ©mĂ©e tuĂ© par HĂ©raclĂšs. Si câest une peau de panthĂšre, il pourrait sâagir de Marsyas. On a Ă©galement proposĂ© dâidentifier la sculpture Ă Ajax mĂ©ditant son suicide.
Un groupe reprĂ©sentant la MĂ©lancolie dâAjax aprĂšs quâil eut recouvrĂ© la raison et dĂ©couvert les moutons quâil avait massacrĂ©s avait Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© en Troade Ă lâĂ©poque hellĂ©nistique: peut-ĂȘtre en bronze, il serait de lâĂ©cole de Rhodes et daterait des annĂ©es 188-167 av. JC. Marc-Antoine en fit cadeau Ă ClĂ©opĂątre. AprĂšs la bataille dâActium en -31, Auguste rendit cette sculpture Ă son sanctuaire, non sans avoir au prĂ©alable fait faire une copie par Apollonios dâAthĂšnes, dont le Torse du BelvĂ©dĂšre serait le reste.
Voici la description de Winckelmann, dans la traduction française de 1764 :
Description de lâHercule mutilĂ© qui est au Belvedere. Quoique cette statue dâHercule ait Ă©tĂ© maltraitĂ©e & mutilĂ©e dâune maniere Ă©trange, se trouvant sans tĂȘte, sans bras & sans jambes, elle est cependant encore un chef dâĆuvre aux yeux des Connoisseurs, & ceux qui savent percer dans les mystĂšres de lâArt, se la reprĂ©sentent dans toute sa beautĂ©. LâArtiste, en voulant reprĂ©senter Hercule, a formĂ© un corps idĂ©al au-dessus de la Nature, ou si lâon veut, un corps viril dans la perfection de lâĂąge, Ă©levĂ© jusquâĂ la satiĂ©tĂ© divine. Cet Hercule paroĂźt donc ici tel quâil dut ĂȘtre lorsque purifiĂ© par le feu des foiblesses de lâhumanitĂ©, il obtint lâimmortalitĂ© & prit place auprĂšs des Dieux. Il est reprĂ©sentĂ© sans aucun besoin de nourriture et de rĂ©paration de forces. Les veines y son toutes invisibles ; le bas-ventre est fait pour jouir sans besoin, câest-Ă -dire pour ĂȘtre rassasiĂ© sans rien prendre, & plein sans se remplir. A en juger par les restes du tronçon, il doit avoir Ă©tĂ© assis, avec la tĂȘte soutenue & Ă©levĂ©e, & lâair dâun HĂ©ros occupĂ© du souvenir dĂ©licieux de ses travaux glorieusement achevĂ©s. Il paroĂźt que le dos ait la mĂȘme signification par la maniĂšre sublime dont il semble voĂ»tĂ©. La poitrine puissamment Ă©levĂ©e nous donne une idĂ©e de celle contre laquelle le GĂ©ant GĂ©rion fut Ă©crasĂ©. La force & la longueur de ses cuisses nous retracent ce HĂ©ros infatigable qui poursuivit & atteignit le Cerf aux pieds agiles, & qui traversa des pays innombrables pour aller combattre dĂ©truire des monstres jusquâaux extrĂ©mitĂ©s du monde. Que lâArtiste admire dans le contour de ce corps lâĂ©coulement continuel dâune forme dans lâautre, & les traits mouvans qui comme les ondes, sâĂ©levent, sâabaissent, & se mĂȘlent ensemble : il trouvera lâimpossibilitĂ© de pouvoir, en copiant sâassurer du droit, puisque le mouvement avec lequel on le cherche, sâen dĂ©tourne imperceptiblement, & en dĂ©viant trompe Ă©galement lâĆil & la main. Les os semblent couverts dâune peau grasse, les muscles sont charnus sans superfluitĂ© : une semblable carnation ne se retrouve dans aucune autre Figure. On pourroit dire mĂȘme que cet Hercule approche plus du temps & du Style sublimes de lâArt que lâApollon. » (Johann Joachim Winckelmann, Histoire de l'art chez les anciens, ouvrage traduit de l'allemand par Gottfried Sellius et rĂ©digĂ© par Jean-Baptiste-RenĂ© Robinet, Paris, Saillant, 1766, t. 2, 2nde partie, 3e section, §IX, p. 248-249)
1. Le Torse porte la signature du sculpteur athĂ©nien Apollonios, fils de Nestor, quâon ne connaĂźt pas par ailleurs : ÎÎ ÎÎÎΩÎÎÎÎŁ ÎÎΣ΀ÎÎĄÎÎŁ ÎÎÎÎÎÎÎÎŁ ÎÎ ÎÎÎÎ.
2. MentionnĂ© pour la premiĂšre fois par Cyriaque dâAncĂŽne, qui le voit dans le palais du cardinal Prospero Colonna entre 1432 et 1435.
Technical Data
Notice #013426