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Recherche infructueuse

Ascanius' promises to Nisus and Euryale (Compendium operum Virgilianorum)

Description

Le fond de l'image représente, à gauche, le siège de Laurente (« Laur ») par les armées de Turnus, et les brillantes sorties tentées par les Troyens en l'absence d'Énée, parti chercher du renfort. Turnus est représenté à gauche (« Tur »), et sans doute une seconde fois à droite, tuant le jeune Pallas (v. 479-500).

Au fond à droite, la flotte troyenne restée dans le port de Laurente est incendiée par les hommes de Turnus. Le nuage de fumée de l'incendie n'abrite pas, comme on pourrait l'attendre le char de Cybèle intervenant pour ses bateaux. La métamorphose des vaisseaux en nymphes n'est pas non plus représentée, à l'exception d'un triton plutôt que d'une nymphe au devant de la flotte en flammes.

Au premier plan au centre Ascagne brandit son épée en levant les yeux au ciel. Cette posture ne peut guère renvoyer qu'à l'épisode du conseil des Troyens, lorsque Nisus et Euryale viennent leur demander la permission de tenter une sortie pour aller prévenir Énée. Euryale a demandé à Ascagne de prendre soin de sa mère s'il ne revenait pas : Ascagne prend alors sa mère morte Créuse à témoin et jure que la mère d'Euryale sera sienne.

Sic ait inlacrimans, umero simul exuit ensem
auratum, mira quem fecerat arte Lycaon (v. 303-304)

(Il dit en pleurant, et dans le même temps il détache de son épaule son épée
d'or, ouvrage admirable qu'avait produit l'art de Lycaon)

Du coup, il semble y avoir une erreur dans l'inscription qui dĂ©signe au premier plan le guerrier retournĂ© vers son ami comme Ă©tant ÉnĂ©e (ÉnĂ©e est absent durant tout le livre 9 et ne revient qu'au livre 10). Il s'agit bien plutĂ´t d'Euryale se tournant vers son compagnon Nisus. Euryale est reconnaissable Ă  son casque Ă  aigrette, le casque qu'il prendra Ă  Messape (v. 365) et qui causera sa perte (v. 373) : Ă©videmment Euryale ne possède pas encore ce casque au moment oĂą Ascagne s'adresse Ă  lui. Le casque est un signe qui relève d'une logique syntagmatique et non d'une logique scĂ©nique de l'image. Nisus montre du doigt le carnage dans le camp de Turnus, qu'ils vont perpĂ©trer : le dessinateur par ce geste rappelle que c'est Nisus qui a eu l'initiative de cette hĂ©roĂŻque sortie (Dine hunc ardorem mentibus addunt, sont-ce les vieux qui m'ont mis cette ardeur Ă  l'esprit…, v. 184).

A droite, le beau cheval qu'avance un page est le cheval de Turnus qu'Ascagne a promis en récompense à Nisus si leur ennemi est vaincu :

vidisti quo Turnus equo, quibus ibat in armis
aureus : ipsum illum, clipeum critique rubentis
excipiam sorti, jam nunc tua pramena, Nise (v. 269-271)

(Tu as vu sur quel cheval Turnus, et avec quelles armes il marchait,
tout en or : ce cheval mĂŞme, ce bouclier et ces aigrettes de pourpre,
je les exclurai du tirage au sort ; compte les d'ores et déjà pour la récompense, Nisus. »

Au second plan, derrière Ascagne, ce sont les exploits d'Euryale : semant la mort dans le camp des Rutules, Ă  califourchon sur RhĂ©tus allongĂ©, il lui plonge l'Ă©pĂ©e dans le corps jusqu'Ă  la garde (pectore in adverso totum cui comminus ensem | condidit, v. 347-348). Toujours au second plan, mais Ă  gauche, c'est la contre-offensive des Rutules : on voit Turnus lancer une flèche. C'est un peu Ă©trange : Virgile lui fait lancer une torche ardente qui met le feu Ă  une tour (v. 535), puis lancer un javelot (v. 560 et 698), une phallique (v. 705), puis manier l'Ă©pĂ©e (v. 749, 769).

L'Ă©pisode de la mort d'Euryale, puis de Nisus, dans un sous-bois Ă  l'Ă©cart de la ville, qui a fait la cĂ©lĂ©britĂ© de ce livre 9 Ă  partir du XVIIIe siècle, n'est pas reprĂ©sentĂ© ici. L'illustrateur prĂ©fère la reprĂ©sentation de la performance agonistique des hĂ©ros Ă  celle, tragique et Ă©mouvante, de leur mort.

History :

1. Inscriptions dans l'image : en bas à gauche « Aeneas » (sans doute une erreur Euryalus), puis en allant vers la droite au second plan « Tur » pour Turnus, puis au premier plan « Ascani~ » pour Ascanius. Tout en haut, « Laur » pour Laurente. Les erreurs d'identification touchant Énée et Turnus (voir l'analyse) nous indiquent que ces inscriptions ont été ajoutées après coup par quelqu'un qui n'est pas l'illustrateur.

Sous la gravure, on lit ces vers de résumé :

In Teucros Turnus, monitu Iunonis iniquae,
Pugnat, et Iliacas opprimit igne rates :
Quae Nymphae ut fiunt, mox Troia fortib[us] ausis
Castra capit captis protinus exsuitur

(Turnus combat contre les Troyens, conseillĂ© par l'injuste Junon, et par le feu il dĂ©truit les navires d'Ilion : quand ils sont changĂ©s en nymphes, bientĂ´t Troie, grâce Ă  l'audace des courageux [= Nisus et Euryale], prend le camp et se dĂ©barrasse aussitĂ´t de ceux qu'elle a pris.)

L'argumentaire sous la gravure est un résumé de l'ensemble du chant :

« Du fier Turnus, en l'absence d'Énée,
Le rude assaut, & l'ardeur furiale :
Le fort Nisus, & le bel Euriale,
L'Emprise d'eux : leur dure destinee :
L'entree au fort par Pandare donnee
Et Bicias : leur vigueur martiale :
Puis comme fut en terre Latiale
Aux deux germains la vie terminée.
Le jeune Iule & le traict de sa main,
En abbatant le superbe Numain :
L'heur le malheur, la fortune incertaine :
De force & ruse a gaigner bastillons
D'amour, de foy, d'honneur, sont aguillons
Tant ou soldat, qu'au noble Capiteine. »

Textual Sources :
VE09 - Virgile, Énéide, Livre 9

Technical Data

Notice #018530

Image HD

Past ID :
B7849
Image editing :
Image web
Image Origin :
Bibliothèque numérique Gallica, Bibliothèque nationale de France (https://gallica.bnf.fr)