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Recherche infructueuse

1st example of jealous sisters (Rétif, Les Contemporaines, vol. 11, 1781) - Binet

Description

Mlle de Villemanoir devait se marier avec Courdeval. Mais elle a une sĹ“ur : Courdeval, Ă  la vue des charmes Ă©blouissants de cette dernière, en tombe Ă©perdument amoureux. Furieusement jalouse, Mlle de Villemanoir dĂ©cide de se venger.

La gravure reprĂ©sente le moment oĂą elle balafre sa sĹ“ur afin de lui Ă´ter ses « charmes dĂ©sespĂ©rants Â». Toutefois, la gravure Ă©dulcore le texte : alors que dans la nouvelle « elle lui cicatrisa le visage avec des diamants Â», ici le visage angĂ©lique de la sĹ“ur, qui contraste avec la face cruelle de Mlle de Villemanoir, demeure intact et prĂ©servĂ© de toute coupure. La reprĂ©sentation Ă©rotisĂ©e de la sĹ“ur allongĂ©e, qui reprend le motif de la Belle endormie, le sein dĂ©couvert, et celle de la piquante Villemanoir, avec sa taille fine et ses petits pieds, apportent une coloration libertine Ă  cette scène de barbarie.

Mais malgrĂ© l’attĂ©nuation de l’horreur par le gommage des blessures au visage de la sĹ“ur, le spectateur reconstitue mentalement la barbarie de la scène. MĂŞme si en raison des contraintes de la reprĂ©sentation picturale un seul et unique temps arrĂŞtĂ© est montrĂ© sur la gravure, l’eau-forte qui sort de la fiole et s’apprĂŞte Ă  couler sur le visage de la sĹ“ur introduit une temporalitĂ© : le spectateur se doute bien que ce liquide ne flotte pas dans l’air et va retomber. Ainsi, tout en reprĂ©sentant un instant prĂ©sent, Binet parvient Ă©galement Ă  suggĂ©rer un autre moment, un prĂ©sent proche, trop affreux pour ĂŞtre gravĂ©. Cette scène repose donc sur un instant prĂ©gnant. Cela permet que la douleur ne soit pas montrĂ©e directement mais seulement insinuĂ©e.

La bougie allumĂ©e sur le chandelier au premier plan Ă  droite sert d’embrayeur visuel. Elle dirige le regard vers la scène, d’autant que par la lumière qu’elle dĂ©gage, elle illumine l’espace et le rend visible. NĂ©anmoins, elle est Ă©galement une barrière, un obstacle entre l’œil du spectateur et la scène : bien que le rideau du lit soit ouvert, ce qui rend accessible ce lieu d’intimitĂ©, l’embrayeur visuel prĂ©serve le spectateur d’une telle scène de violence en instaurant une distanciation.

History :

1. La gravure n'est pas signée.
LĂ©gende sous l'image : « Je t'Ă´terai du moins ces charmes desespĂ©rans ! Â»

Indexed items :
Femme étendue sur un lit
Textual Sources :
Rétif de la Bretonne, Les Contemporaines (1780-1782)

Technical Data

Notice #020414

Image HD