The Feast of the Gods - Jan van Bijlert
Description
Autour d'une table de banquet dressée dans les brumes du mont Pélion, les dieux festoient. Seule la moitié droite du tableau subsiste, toute la partie gauche a été coupée, ce qui explique l'absence de certains dieux, notamment de Jupiter et de Junon, qui devaient présider le banquet. On distingue sur la gauche le paon de Junon, mais Junon a disparu.
Au premier plan, Bacchus écrase dans sa bouche le jus d'une grappe de raisin, tandis qu'un satyre exécute une danse devant Apollon qui joue de la lyre.
Complètement à droite, en bas, un plat circulaire orné d'une tête, une aiguière renversée et un rouleau de papier sur lequel on distingue de l'écriture constituent une nature morte qui tient lieu d'embrayeur visuel par lequel entrer dans la scène.
La disparition de la partie gauche du tableau rend difficile son interprétation. Complètement à droite, Neptune, reconnaissable à son trident, et Hercule, vêtu d'une peau de lion et portant une massue, sont en grande conversation. Entre eux, deux femmes : celle de gauche tient une trompette, c'est Fama, la renommée tenant Hercule par l'épaule. Celle de droite n'a aucun attribut et se tient en retrait, souriant d'un air moqueur. Elle lance sur la table de sa main droite une petite boule ronde en or qui vient rouler devant Hercule : nul doute qu'il s'agit d'une pomme d'or du jardin des Hespéride, de la pomme de Discorde sur laquelle est écrit "J'appartiens à la plus belle". Discorde, que les dieux ont oublié d'inviter au banquet, prépare la querelle des trois principales déesses de l'Olympe, le jugement de Pâris, l'enlèvement d'Hélène et la guerre de Troie…
Le détail de la pomme d'or donne le sujet du tableau et permet d'identifier le banquet comme celui des noces de Thétis et de Pélée. Rappelons l'histoire : Jupiter et Neptune se disputaient Thétis. Un oracle leur prédit que l'enfant de Thétis surpasserait son père. Les dieux aussitôt se détounèrent de la néréide et lui attribuèrent Pélée, roi de Phthie. Thétis tenta en vain d'échapper au roi thessalien, par toutes sortes de métamorphoses. Pélée ne lâcha pas Thétis, qui lui donnera finalement pour fils Achille.
Cela veut dire qu'à gauche de la partie conservée du tableau, il faut suppléer non seulement Junon puis Jupiter (placé à l'autre bout de la table par rapport à Neptune son rival), mais les deux époux, Thétis et Pélée, généralement représentés sur une table à part.
2. Acquis par le musée en 1938 (legs Magnin).
3. En suggérant que l'un des tableaux vivants de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris du 26 juillet 2024 était inspiré de ce tableau de Bijlert, on a déjoué toute lecture univoque de la performance présentée, puisque le tableau source, à supposer qu'il ait véritablement inspiré celui des JO, est lui-même un tableau tronqué. La création artistique ne saurait se réduire à un système de clefs… Tout juste peut-on constater que Vénus, reconnaissable à Cupidon qu'elle tient près d'elle, se détourne ostensiblement de la danse du satyre pour converser avec Mars, tandis qu'Apollon auréolé à la manière du Jésus de la Cène n'a d'yeux que pour le satyre qu'il fait danser. La peinture religieuse n'était nullement interdite en Hollande au XVIIe siècle. Elle était au contraire à la base de la culture, ce qui favorisait le syncrétisme.
Technical Data
Notice #022408