![Chardin, Panier de prunes](/sites/default/files/2024-08/Chardin%20PanierPrunesNoix64_pt_1.jpg)
« Placez sur un banc de pierre un panier d'osier plein de prunes, auquel une méchante ficelle serve d'anse, et jetez autour des noix, deux ou trois cerises, et quelques grappillons de raisin… »
Diderot, Salon de 1765, à propos du Panier de prunes de Chardin.
A l’occasion du tricentenaire de la naissance de Diderot en 2013, le musée Fabre à Montpellier et la Fondation de l’Hermitage à Lausanne ont organisé une exposition intitulée Le Goût de Diderot, rassemblant une soixantaine d’œuvres d’art venant de collections du monde entier, commentées par Diderot, ou liées à son activité de critique d’art.
En effet, à partir de 1759 Diderot s’engage, à la demande de son ami Frédéric Melchior Grimm, directeur de la Correspondance littéraire, dans la rédaction de comptes rendus des expositions organisées par l’Académie royale de peinture et de sculpture tous les deux ans au Salon carré du Louvre, expositions que l’on appelait « Salons » à cause du lieu où elles se tenaient.
Diderot n’est pas à proprement parler un critique d’art, il se défie de cette appellation et préfère se définir comme un poète parlant d’autres poètes et évaluant à ce titre, en pair, leurs créations. Sa culture artistique, lorsqu’il commence ces comptes-rendus, est mince : mais il se prend en jeu et, de Salon en Salon, affirme l’originalité et la présence d’un œil sans égal, théorisant le dispositif scénique à l’œuvre dans les compositions qu’il décrit à partir de son expérience de dramaturge et sa culture de philosophe.
C’est cet œil de Diderot que cherche à restituer ce documentaire, au fil d’une visite de l’exposition de la Fondation de l’Hermitage agrémentée d’une lecture de quelques uns des plus beaux textes des Salons, dans l’environnement musical, à la fois français et italien, qui fut celui de Diderot.
![Vernet, Clair de lune, Washington](/sites/default/files/2024-08/Vernet%20ClairDeLune_Washington_pt.jpg)
VÉRITÉ
« … incompréhensible, soit qu'il emploie l'astre du jour ou celui de la nuit, la lumière naturelle ou les lumières artificielles, à éclairer ses tableaux ; toujours harmonieux, vigoureux et sage, tel que ces grands poètes, ces hommes rares en qui le jugement balance si parfaitement la verve, qu' ils ne sont jamais ni exagérés, ni froids. » Diderot, Salon de 1765, à propos de Vernet.
![Deshays, Saint André](/sites/default/files/2024-08/Deshays%20StAndre%CC%81Flagellation_out.jpg)
POÉSIE
« Deshays me rappelle les temps de Santerre, de Boulogne, de Le Brun, de Le Sueur et des grands artistes du siècle passé. Il a de la force et de l'austérité dans sa couleur ; il imagine des choses frappantes ; son imagination est pleine de grands caractères […]. Sa scène vous attache et vous touche ; elle est grande, pathétique et violente. »
Diderot, Salon de 1761, à propos du Saint André de Deshays.
![Boucher, Pan et Syrinx](/sites/default/files/2024-08/Boucher%20Pan%26Syrinx.jpg)
MAGIE
« On en sent toute l'absurdité ; avec tout cela on ne saurait quitter le tableau. Il vous attache. On y revient. C'est un vice si agréable, c' est une extravagance si inimitable et si rare ! Il y a tant d' imagination, d'effet, de magie et de facilité ! »
Diderot, Salon de 1761, à propos de Boucher