La prison vivante (Les Avantures d’Abdalla, 1712, frontispice)
Notice n°1 sur 13 Notice suivante
Analyse
La gravure illustre l’épisode raconté dans la lettre liminaire, « Lettre de M. de Sandisson au traducteur, écrite à Batavia, le 13 décembre de l’année 1703 ».
Sandisson y raconte qu’il a été transporté dans les airs jusque dans un amphithéâtre où se tient une académie présidée par la Reine bleue (p. 30). Une procession entre dans l’arène : derrière le char est attaché un prisonnier tenant sous son bras un livre et portant dans son dos un écriteau : « Le comte de Gabalis, insigne imposteur » (p. 35. C’est le personnage en bas à droite). La reine Argamasse prend alors la parole et passe en revue les nouveaux livres de féerie. Ils sont mauvais, il faut châtier Gabalis, le mauvais génie de leur écrivain.
« Aussi-tôt la terre s’ouvrit à dix pas de Gabalis, & il en sortit un monstre horrible. Il étoit de la grosseur de six éléphans, & son corps n’étoit couvert que d’un cuir ridé, sans aucun poil. Ses yeux étoient grands, mais enfoncez ; & la profondeur affreuse de sa gueule en faisoit ressembler l’ouverture à celle d’un abîme. Son ventre portoit à terre, & n’étoit soutenu de quatre grosses pattes, qu’autant qu’il le falloit pour avancer très-lentement. Quelle prison que ce ventre-là  ! Le monstre approcha peu à peu de Gabalis, & lorsqu’il ne fut plus qu’à une très-petite distance de lui, il ouvrit sa gueule, & attira dans le fond de ses entrailles ce malheureux. Après cette expédition qui me remplit d’horreur, la prison vivante se retira dans le lieu d’où elle étoit sortie, & la terre se remit d’elle-même. » (p. 51-53)
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2. Gravure frontispice, face à la page de titre, encadrée d’un double trait, les mesures prennent en compte ce cadre.
Informations techniques
Notice #010152