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Recherche infructueuse

Plakes pneumatikai (Mandylion et Keramion) - Codex Rossinensis

Date :
Entre 1000 et 1100
Nature de l'image :
Enluminure
Miniature
Sujet de l'image :
Codex Rossinensis grec 251, fol. 12v°

Analyse

Les têtes sont légèrement tournées vers l’extérieur, contrairement au code iconographique qui veut que la Sainte Face soit toujours représentée de face (voir cependant le Mandylion de la Panagia Phorbiotissa d’Asinou). Il s’agit de souligner la symétrie et l’inversion des deux images l’une par rapport à l’autre. Les motifs du tissu blanc à gauche (losanges avec fleurons) sont rouges ; à droite, ornements identiques, mais à motifs blancs sur fond rouge, et cette fois on ne voit pas de frange. Ces détails, comparés aux représentations byzantines et slaves ultérieures, qui sont agrémentées d’explications, désignent l’image de gauche comme le Mandylion d’Édesse, apporté à Constantinople en 944, et celle de droite comme Le Keramion, Sainte Face imprimée sur une tuile, qui provient de Syrie. Jusqu’au pillage de Constantinople par les Croisés en 1204, les deux Saintes Faces étaient conservées dans une chapelle du Grand Palais impérial.
Le KĂ©rameion (dont le fond rouge a la couleur de la tuile) est reprĂ©sentĂ© comme le nĂ©gatif du Mandylion (dont le fond blanc a la couleur du drap) : la deuxième Sainte Face ne serait que la rĂ©plique de la première, mais toutes deux sont achiropiites, non faites de main d’homme.
Le titre Plakes pneumatikai s’explique par un passage de l’introduction de Jean Climaque à son Échelle céleste, dont c’est ici un manuscrit. L’auteur dit avoir tracé les préceptes divins de son livre directement sur les cœurs purs de ses auditeurs, « comme sur des feuilles de papier, ou mieux sur des planches spirituelles, Plakes pneumatikai. L’expression, selon Jean de Reitha, fait allusion aux Tables de la Loi. L’Échelle céleste prétend rivaliser avec les commandements de Moïse, ou plutôt les convertir en commandements chrétiens.
Les deux tables impliquaient de représenter deux Saintes Faces.
A gauche, la face du Christ est griffée : peut-être une trace tardive de réprobation de la part d’un lecteur iconoclaste ?

Début de l’Échelle céleste (1er des trente degrés, §3) :

« Mais, comme il faudrait des livres entiers pour dire tout ce qu’il y aurait Ă  dire sur ces diffĂ©rentes espèces de crĂ©atures, et qu’un homme ignorant comme moi serait incapable d’une si grande entreprise, je crois qu’il vaut mieux que, pour obĂ©ir aux vĂ©ritables serviteurs de Dieu, dont la tendre piĂ©tĂ© me fait violence, et dont le zèle et la bonne volontĂ© me pressent, je me borne et m’arrĂŞte aux choses qui peuvent servir Ă  l’édification de leurs âmes ; que, quelque incapable que je doive me reconnaĂ®tre, je prenne la plume de leurs mains, et que, la trempant avec simplicitĂ© dans l’humble soumission Ă  leurs vĹ“ux prononcĂ©s, j’aie lieu, malgrĂ© mon impuissance et mon incapacitĂ©, d’espĂ©rer et de recevoir de mon obĂ©issance quelques grâces et quelques lumières, afin que, traçant sur un papier d’une admirable blancheur les règles d’une vie sainte et pure, je les trace aussi dans leurs cĹ“urs bien prĂ©parĂ©s et saintement purifiĂ©s, que je les Ă©crive sur des cahiers mystĂ©rieux (πλάκες πνευματικαὶ) et vivants. C’est de cette manière et dans ces dispositions que je vais commencer. Â»

Annotations :

1. Au dessus de la double reprĂ©sentation de la Sainte Face imprimĂ©e en positif et en nĂ©gatif, on peut lire « PLAKES PN[EUMATI]KAI Â» (tables spirituelles).
3. Dans le manuscrit de Princeton, L’Echelle céleste est représentée par deux rectangles couchés portant également les mots Plakes Pn[eumati]kai, sans la Sainte Face, mais avec la mention IC XC (Ièsous Christos) : L’Échelle céleste renouvelle, dans un sens chrétien, les Tables de la Loi mosaïques.

Composition de l'image :
L’image est identifiée à un tabernacle
Objets :
Linceul
Damas (Motifs floraux, Grenades)
Sources textuelles :
Jean Climaque, dit aussi le Sinaïtique (VIe ou VIIe siècle), L’Échelle sainte

Informations techniques

Notice #001249

Image HD

Identifiant historique :
A0568
Traitement de l'image :
Scanner
Localisation de la reproduction :
Collection particulière (Cachan)
Bibliographie :
André Grabar, L’Iconoclasme byzantin, Flammarion, 1984, Champs, 1998
n° 67 et commentaire pp. 56-58
Stéphane Lojkine, Entre économie et mimésis, l’allégorie du tabernacle, Archive Critique et théorie, 2021