Amour sacré et amour profane - Titien
Analyse
E. Panofsky met en rapport ce tableau avec les Geminae Veneres, les Vénus jumelles de Marsile Ficin. La Vénus céleste serait la Vénus nue, principe de la beauté éternelle et universelle, tandis que la Vénus terrestre, la Venere volgare, serait la Vénus habillée, dont Cupidon est plus proche.
Cette interprétation a été remise en question par l’identification du blason qu’on distingue sur le sarcophage réaménagé en fontaine sur la droite au-dessus du tuyau d’évacuation de l’eau. Il a permis d’identifier ce tableau comme commande à l’occasion du mariage de Nicolò Aurelio avec Laura Bagarotto, représentée à gauche.
La jeune femme est-elle accompagnée d’une Vénus allégorique qui dit son amour sur le mode néo-platonicien ? Ou le mariage est-il plutôt identifié par la fontaine comme baptême et conversion de l’amour profane, représenté à droite par Vénus nue et en rouge, vers un nouvel amour, chaste et spirituel, figuré à gauche ? Laura serait représenté ainsi avant et après le mariage, ayant séduit Nicolò et devenant son épouse fidèle.
Le sarcophage représente l’ivresse de Silène, molesté par les bergers et à gauche peut être Hercule domptant l’une des juments de Diomède, deux allégories des méfaits de la jouissance charnelle. A droite dans la plaine, l’amour profane est allégorisé par la chasse et la pastorale. A gauche, dans la montagne, le même amour converti par le mariage transforme la jouissance (les deux lapins dans la forêt) en quête chevaleresque vers le château.
2. Ancienne collection du Cardinal Scipion Borghèse (1608). Exposé salle XX, dite salle de Psyché.
Le blason sur la fontaine a permis de relier ce tabeau au mariage du vénitien Nicolò Aurelio, secrétaire du Conseil des Dix, et de Laura Bagarotto, fille d’un juriste padouan, mariage célébré en 1514.
Informations techniques
Notice #014192