Saint Georges terrassant le dragon (version de Washington) - Raphaël
Analyse
Dans ses représentations de saint Georges, Raphaël est encore tributaire du modèle sémiologique médiéval de la performance : le dragon est l’attribut de saint Georges, il le désigne et l’identifie au moins autant qu’il participe à l’action. Comparer avec les icônes sur le même sujet.
Mais Raphaël installe son saint Georges dans un paysage, avec une profondeur et une perspective. Il place le combat sous le regard de la princesse de Silcha, dont il est l’enjeu. Ce regard tend à transformer la performance chevaleresque de saint Georges en scène picturale.
Dès lors que l’espace de la représentation fonctionne comme espace scénique, il se subdivise en espace vague (le paysage, dans lequel se trouve la princesse) et en espace restreint (le combat). Entre le dragon et la princesse, saint Georges fait écran. Il protège ainsi celle-ci de la vision de l’innommable, de l’horreur du dragon. Dans la version de Washington, saint Georges est armé d’une lance et la princesse est installée en prières. Le dragon est déjà terrassé. Ces motifs me paraissent plus traditionnels, la lance de tournoi, la prière, le dragon terrassé sont autant de signes statiques articulés en une syntaxe signifiante, caractéristique du type performatif. Dans la version du Louvre, saint Georges brandit un cimeterre tandis que la princesse tombe en prière, se jette à genoux. Le mouvement est beaucoup plus appuyé, le dragon qui a une lance brisée dans la poitrine tente un dernier assaut contre saint Georges avant de recevoir le coup de grâce. Raphaël dramatise le sujet et l’ordonne autour d’un instant prégnant.
Informations techniques
Notice #001455