Préparation pour le portrait de Voltaire - Maurice-Quentin de La Tour
Analyse
2. La composition est agrandie en bas d’une feuille de papier gris-bleu.
Voltaire commanda en 1735 son portrait à La Tour avant que celui-ci n’ait été agréé par l’Académie royale de peinture et de sculpture. Il n’avait donc encore jamais exposé une œuvre au Salon. La Tour sait l’occasion de cette commande prestigieuse pour se faire connaître et exécuta deux préparations au pastel pour le portrait. Voltaire posa à partir d’avril.
Le 1er pastel appartint à Émile puis à Jules Strauss (sa vente, galerie Georges Petit, Paris, 3-4 juin 1929, lot 73) et se trouve aujourd’hui au National museum de Stockholm. Voltaire y est représenté de face.
Le second, ici reproduit, a été acquis par le musée Antoine-Lécuyer en 1995. Le philosophe paraît légèrement de trois quarts, tourné vers la droite. C’est cette attitude plus dynamique qui fut finalement retenue pour le portrait définitif.
Actuellement perdue, l’œuvre définitive représentait le modèle à mi-corps, le torse tourné vers la droite, tenant un livre de la main gauche, le visage interpellant l’amateur.
Avant même d’avoir reçu ce portrait, Voltaire avait demandé en avril 1736 à son ami l’abbé Moussinot d’en faire faire deux bonnes copies. La première devait être réalisée avec la plus grande habileté afin de servir de prototype à toutes celles que l’on peindrait par la suite. À cet effet, Voltaire avait souhaité qu’elle fût retouchée par La Tour lui-même et qu’elle servît en premier lieu de modèle à une miniature destinée à être montée en bague. Ce sont aujourd’hui ces multiples copies, à l’exemple de celle peinte au pastel conservée au château de Ferney ou de celle, peinte à l’huile, appartenant au musée Antoine-Lécuyer, qui, suivant la tradition, fut offerte par Voltaire à Mme de Champbonin en 1737, ou les gravures qui en furent réalisées dès la fin de 1735, qui permettent de connaître la composition originale. Quand le pastel autographe de La Tour arriva à Cirey en novembre 1736, il ne fit pas l’effet escompté auprès de son commanditaire. Le 17 novembre, Voltaire écrivait en effet à l’abbé Moussinot qu’il l’eût préféré “un peu plus empâté et plus vif de couleurs”. Couverte de blanc et peu chargée en rose, la préparation du musée de Saint-Quentin avait été très certainement scrupuleusement reproduite sur l’œuvre définitive au point même de décevoir un peu le premier client célèbre de l’artiste. ( D’après Xavier Salmon, Le Voleur d’âmes, Maurice Quentin La Tour, Artlys, Versailles, 2004.)
Informations techniques
Notice #014555