Judith et Holopherne (marquetterie de la cathédrale de Bergame) - Lorenzo Lotto
Analyse
 Judith est reprĂ©sentĂ©e au premier plan au centre, au milieu du camp de ses ennemis Assyriens. La ville de BĂ©thulie apparaĂ®t Ă gauche dans le lointain. La composition met en valeur la butte sur laquelle Holopherne a fait dresser ses tentes, comme sur un promontoire qui domine son camp. EntourĂ© d'une clĂ´ture de bois, le lieu du crime est aussi le lieu du commandement. Or c’est ce commandement qui vient d’être dĂ©truit par le meurtre d’Holopherne, dont on n’aperçoit plus que les pieds Ă travers la tente ouverte. Judith accompagnĂ©e de sa servante quitte rapidement le camp pour rejoindre BĂ©thulie : en marchant, elle laisse tomber la tĂŞte d'Holopherne dans le sac que lui tend sa servante. La prĂ©cipitation est marquĂ©e par la descente rapide du chemin, le dĂ©sĂ©quilibre et les vĂŞtements dĂ©faits de Judith, tandis que l’inquiĂ©tude de la servante se traduit par des regards alentours.Â
« Elle frappa deux fois sur son cou de toute sa vigueur et elle lui ôta la tête… peu après, elle sortit et remit la tête d’Holopherne à sa suivante, qui la mit dans sa besace à provisions. Elles sortirent toutes les deux ensemble, comme à l’accoutumée, pour aller à la prière. Elles traversèrent le camp, contournèrent le ravin, montèrent à la montagne de Béthulie et arrivèrent à ses portes. » (Judith, XIII, 9-10)
Dans le camp se joue le renversement de la situation militaire. AÂ droite, les soldats assyriens dorment encore tranquillement Ă mĂŞme le sol, tandis qu'Ă gauche une colonne de soldats juifs sortant de BĂ©thulie traverse la plaine et, portant la tĂŞte d'Holopherne au bout d'une pique, commence le massacre.
La composition hésite entre deux régimes de représentation : le régime narratif représente successivement, de droite à gauche, le camp endormi, le meurtre d'Holopherne et la sortie victorieuse des Béthuliens ; le régime scénique met en scène la fuite de Judith, avec un espace scénique, le promontoire où la tente d'Holopherne est dressée, et un paysage, un décor, la plaine de Béthulie. Si l'on suit la seule logique de la scène, la partie gauche du tableau, où les Juifs massacrent les Assyriens en brandissant la tête décapitée de leur général, est incompréhensible.
2. Dans cette notice le second nom d’auteur est bien évidemment non pas celui du graveur mais celui du marquetteur.
Informations techniques
Notice #001693