Judith et Holopherne - Horace Vernet
Analyse
Judith sâapprĂȘte Ă tuer Holopherne.
« Judith seule fut laissĂ©e dans la tente avec Holopherne effondrĂ© sur son lit, car il Ă©tait noyĂ© dans le vin. [âŠ] Tous se retirĂšrent de sa prĂ©sence et personne, du plus petit au plus grand, ne resta dans la chambre Ă coucher. Judith, debout prĂšs du lit dâHolopherne, dit en son cĆur : âSeigneur, Dieu de toute puissance, jette un regard en cette heure sur les Ćuvres de mes mains pour lâexaltation de JĂ©rusalem.â [âŠ] Alors, sâavançant vers la barre du lit qui Ă©tait prĂšs de la tĂȘte dâHolopherne, elle en retira son cimeterre et, sâapprochant du lit, elle saisit la chevelure de sa tĂȘte et dit : âFortifie-moi en ce jour, Seigneur Dieu dâIsraĂ«l.â (Judith, XIII, 2-7)
Judith est debout, magnifiquement parĂ©e, son Ă©paule nue fait ressortir sa beautĂ© et rappelle le jeu de sĂ©duction quâelle a menĂ© en se faisant passer pour une courtisane auprĂšs du gĂ©nĂ©ral qui assiĂšge sa ville. Holopherne est vautrĂ© dans son lit, sa barbe est taillĂ©e en pointe comme celle de Pan, et aussi celle du diable, mais  le temps de la sĂ©duction est passĂ©, et son Ă©paule nue est offerte au sacrifice qui se prĂ©pare.
La lumiĂšre provient du coin de la tente en haut Ă gauche, elle tombe en diagonale sur les bustes de Judith et dâHolopherne, et Ă©claire violemment les linges blancs quâils portent. Le reste de la tente est dans lâombre, sauf la tenture rouge qui la ferme, comme un rideau de thĂ©Ăątre.
Rien de plus dramatique que cette exĂ©cution mise en valeur par le jeu des ombres. Dans la lumiĂšre, Judith est tournĂ©e vers celui quâelle va tuer, son visage est fermĂ©, elle est dĂ©terminĂ©e, mais son regard devant cet homme qui dort, la bouche ouverte, le cou offert, tĂ©moigne dâune forte Ă©motion. Dans lâombre, le lourd cimeterre est posĂ© sur le rebord du lit, juste Ă cĂŽtĂ© des pieds dâHolopherne, dont on voit quelques orteils dĂ©passer. De sa main gauche Ă©clairĂ©e, Judith relĂšve la manche de son bras droit, celui qui tient lâarme encore dans lâombre et va donner la mort.
Le tableau est celui de la victoire de la la Justice et de la LibertĂ© contre l'envahisseur qui vient d'Orient : s'Ă©cartant de la tradition iconographique pour s'inscrire dans la veine romantique et orientalisante, Horace Vernet donne Ă Holopherne les traits caricaturaux d'un homme au teint bistre et au visage Ă©pais : la GrĂšce vient d'obtenir son indĂ©pendance aprĂšs une guerre contre les Turcs qui a mobilisĂ© les artistes français. Vernet dans les annĂ©es suivantes peindra la conquĂȘte de l'AlgĂ©rie sur commande de Louis-Philippe.
2. Le modĂšle dâHorace Vernet est Olympe PĂ©lissier, dont il a fait un portrait en 1830 (Ătude dâOlympe PĂ©lissier en Judith). On y retrouve la mĂȘme position de la tĂȘte, mais le regard est plus mĂ©prisant, il correspond plus Ă une Judith regardant le cadavre dâHolopherne, et il faut noter que les reprĂ©sentations avant le meurtre, comme celle ci-dessus, sont plus rares.
Informations techniques
Notice #019367