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Recherche infructueuse

Grotte de rocaille de La Bâtie d'Urfé

Date :
1550
Date incertaine
Nature de l'image :
Sculpture
Sujet de l'image :

Analyse

Le château connaît une transformation décisive dans les années 1550, à l'instigation de Claude d'Urfé, ambassadeur de François Ier puis de Henri II au Concile de Trente. Claude d'Urfé est le grand-père d'Honoré d'Urfé, l'auteur de L'Astrée. Il est l'ordonnateur de la grotte.

Anne d’Urfé, frère aîné d'Honoré, mentionne la grotte dans une description du château rédigée vers 1606 : « Il y a aussy une crotte, où il y a plusieurs belles et grandes estatues de marbre rapportées d’Italie, laquelle estoit estimée la plus belle du royaume, au temps qu’elle fut faicte ». Jacques Fodéré évoque, lui, en 1619 les jeux d’eaux et le décor de rocailles « fait de petites pierres si industrieusement appliquées en figures qu’ils font merveilleusement bien ».

Depuis ces travaux des années 1550, la grotte a échappé aux ventes, destructions et réaménagements qui ont affecté le château : elle se trouve être aujourd'hui l'une des grottes de rocaille les mieux conservées de la Renaissance. Ne manquent que les statues de marbre qui devaient orner les niches. 

Les rocailleurs itinérants qui effectuèrent les travaux entre 1548 et 1558 (date de la mort de Claude d'Urfé) étaient probablement italiens. Les modèles d'inspirations étaient les grottes génoises et florentines. Les matériaux utilisés furent des rocailles de coquillages, du stuc et du bois.

On peut penser que les grottes de L'Astrée ont été imaginées par Honoré d'Urfé à partir de celle de son château de La Bâtie d'Urfé, et quand Tristan L'Hermitte évoque, dans Le Page disgracié, une grotte dans le château de la belle écolière anglaise du page, juste après avoir vanté L'Astrée, il pense peut-être à celle-ci quand il évoque « des parois faites de coquilles en figures de personnages » : quoique située imaginairement à la frontière de l'Écosse, sa grotte est faite de coquilles et de marbre, comme celle de La Bâtie d'Urfé.

Voici la description de la grotte de Damon au livre XI de L'Astrée :

« Et lors entrant dedans, le berger demeura ravy en la consideration de l’ouvrage. L’entrée estoit fort haute, et spacieuse: aux deux costez, au lieu de pilliers, estoient deux termes qui sur leur teste soustenoient les bouts de la voute du portail. L’un figuroit Pan, et l’autre Syringue, qui estoient fort industrieusement revestus de petites pierres de diverses couleurs. Les cheveux, les sourcils, les moustaches, la baebe et les deux cornes de Pan estoient de coquille de mer, si proprement mises que le ciment n’y paroissoit point. Syringue qui estoit de l’autre costé avoit les cheveux de roseaux, et en quelques lieux depuis le nombril, on les voyoit comme croistre peu à peu. Le tour de la porte estoit par le dehors à la rustique et pendoient des festons de coquilles rattachez en quatre endroits finissant aupres de la teste des deus termes. Le dedans de la voute estoit en pointe de rocher, qui sembloit en plusieurs lieux degoutter de salpestre, et sur le milieu s’entr’ouvroit en ovale, par où toute la clarté entroit dedans. Ce lieu, tant par dehors que par dedans, estoit enrichy d’un grand nombre de statues qui, enfoncées dans leurs niches, faisoient diverses fontaines, et toutes representoient quelque effect de la puissance d’Amour. 
Au milieu de la grotte on voyoit le tombeau, eslevé de la hauteur de dix ou douze pieds, quipar le haut se fermoit en couronne, et tout à l’entour estoit garny de tableaux, dont les peintures estoient si bien faictes que le veue en decevoit le jugement. La separation de chaque tableau se faisoit par des demy pilliers de marbre noir rayez; les encoigneures du tombeau, les bazes et les chapiteaux des demy colonnes, et la cornice qui tout à l’entour en façon de ceinture r’attachoit ces tableaux, et de diverses pieces n’en faisoit qu’une bien composée. estoit du mesme marbre. 
La curiosité de Celadon fut assez grande, apres avoir consideré le tout ensemble, pour desirer d’en sçavoir les particularitez… » (éd. Delphine Denis, Champion, p. 633-634)

Sources textuelles :
Tristan l’Hermite, François L’Hermite, sieur du Soliers, dit (1601-1655)

Informations techniques

Notice #019889

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Traitement de l'image :
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