Le massacre des innocents - Le Tintoret
Analyse
Le massacre des innocents est le massacre des nouveaux nés ordonné par Hérode au moment de la naissance de Jésus. Il est rapport ainsi dans l'évangile de Matthieu :
Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, fut pris d'une violente fureur et envoya mettre à mort, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d'après le temps qu'il s'était fait préciser par les mages. (Matthieu 2, 16)
Comment mettre en scène un tel massacre ? Le peintre désorganise la perspective en multipliant les plans : une grande place en longueur, une terrasse au pied de la muraille à gauche, débouchant à droite sur une autre cour avec un portique et à gauche sur une porte dans la muraille. Cela lui permet de développer un espace qui semble se complexifier à l'infini, avec partout des cadavres. La terrasse permet de doubler l’espace du bas, et de multiplier les scènes du massacre en hauteur et en longueur. La lumière vive et crue du premier plan est suivie d'une frange d'ombre puis d'une alternance d’ombre et de lumière.
La représentation du massacre se focalise sur le couple mère-enfant, avec peu de bourreaux. Peu d’armes, pas d’égorgements, pas de sang. La violence faite aux femmes est soulignée par leur poitrine dénudée. Chacun des quatre coins de la toile est orienté vers l'extérieur : en haut à gauche, quelques femmes tentent de s'enfuir en tirant à elles ou en emportant leur enfant ; en bas à gauche, les victimes frappées tombent et s'amoncellent ; en haut à droite, un groupe s'échappe depuis la porte de la muraille, poursuivi par des soldats ; en bas à droite au premier plan, un soldat au manteau rouge s'extrait du groupe qu'il a massacré pour continuer plus loin son œuvre… Ce mouvement centrifuge aux quatre coins fait en quelque sorte exploser la composition.
3. Le geste d'une mère extirpant son enfant d'en bas où se déroule le gros du massacre vers la terrasse depuis laquelle elle espère s'enfuir est peut-être un souvenir de L'Incendie du Borgo de Raphaël, qui avait peint le mouvement inverse, un femme du haut d'une maison en flamme confiant son enfant à un homme en contrebas.
Informations techniques
Notice #021464