Roland délivre Isabelle des brigands (Roland furieux, Valgrisi, 1560, chant 13)
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Analyse
Au premier plan, Roland (OR) Ă©crase les brigands avec le plateau de la table de la caverne (st. 37-38), devant Isabelle (IS) et la vieille avec qui elle se dispute (G pour Gabrine). Â Â Â
A mi hauteur, sur la droite, Roland tire hors de la caverne les brigands qu’il n’a pas Ă©crasĂ©s (st. 41).   Â
Tout en haut Ă droite, Gabrine (GA) s’enfuit dans les bois (st. 42), tandis que Roland accroche les brigands survivants Ă un sorbier. Puis il prend Isabelle en croupe et s’en va.   Â
On passe aussitĂ´t, au mĂŞme niveau, au centre, Ă la rencontre de MĂ©lisse et de Bradamante, reprĂ©sentĂ©es chevauchant de concert vers le palais d’Atlant oĂą est enfermĂ© Roger (st. 46-47, 74-75). A gauche, Bradamante, trompĂ©e parAtlant malgrĂ© les mises en garde de MĂ©lisse, croit voir Roger poursuivi par deux gĂ©ants et s’engouffre Ă leur suite dans le palais d’Atlant, qui se referme sur elle comme un piège.   Â
Tout en haut de la gravure, sur la gauche se prĂ©pare la revue des troupes au camp d’Agramant devant Paris (st. 81-93).      Â
On retrouve ici la composition tripartite de la gravure : en bas, Roland Ă©crasant les brigands avec une table contrevient par sa sauvagerie et la vilennie de ses adversaires Ă toutes les règles de la chevalerie. Le point de dĂ©part est encore une fois une contre-performance. Dans le registre intermĂ©diaire, le cheminement de Bradamante avec MĂ©lisse met en balance les deux voies, celle recommandĂ©e par MĂ©lisse et celle d’Atlant Ă laquelle Bradamante succombe (comme avait succombĂ© Roger au chant VI dans l’île d’Alcine). Tout en haut, la revue des troupes refonde le monde de l’épopĂ©e Ă partir d’une performance canonique.   Â
Mais cette composition tripartite est elle-même soumise à une distorsion, puisque en fait les deux-tiers de la gravure sont consacrés à la grotte des brigands. Cette grotte, qui est pleinement livrée à notre regard et ne semble dissimulée, protégée que contre les regards qui viendraient du fond, du haut de la gravure, est construite sur le même modèle que le palais d’Atlant du chant XII. Elle tend à fonctionner comme un espace scénique, Isabelle et Gabrine assistant en spectatrices au massacre du premier plan et métaphorisant ainsi depuis le fond notre regard depuis le devant de la scène.
1. Gravure en verso, sur la page de gauche. Numéro d epage en haut à gauche, 122. En-tête centré, CANTO [TERZODECIMO., p. 123].
3. La grotte est ici représentée de façon assez maladroite, il faut bien le dire, sans donner l’impression ni de la profondeur, ni du souterrain. L’édition Franceschi est plus habile, avec des effets d’ombre que permet la gravure sur cuivre. Au face à face de Roland et d’Isabelle est préféré Roland écrasant les brigands avec le dessus d’une table de pierre. En haut, le palais enchanté d’Atlant est représenté de façon inversée, non à droite comme ici, mais à gauche.
Informations techniques
Notice #002183