Polydore assasiné par le roi de Thrace (Énéide, Riccardiana, Ms492, f°92r)
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Analyse
Malgré une structure narrative bipartite, la base de la composition de cette miniature est un triptyque, avec trois sommets au fond, désertique à gauche, surmonté d'un ermitage au centre, occupé par la nouvelle ville d'Énéade à dorite.
Les deux épisodes ne s’enchaînent pas à proprement parler car l’histoire de Polydore est un récit enchâssé : ici, pas d’ombre de Polydore, pas de voix sortant des cornouillers, mais la scène même du meurtre du fils de Priam par son hôte, le roi de Thrace Polymnestor, à qui Priam avait confié son fils. L’articulation entre le récit (à droite) et le récit dans le récit (à gauche) est signifiée par la haie de cyprès.
A gauche, Polydore est assassiné à côté d'une retenue d'eau : l'eau est prise au piège comme le riche héritier de Priam, livré à la cupidité de Polymnestor une fois la ville de Troie tombée. L'eau retenue par un barrage à gauche s'oppose à l'étendue ouverte de la mer à droite. Polydore en tombant lève un bras au ciel, qui réclame vengeance. Au bras levé de Polydore à gauche s'opposent les bras affairés à droite autour de l'autel du sacrifice, qui devra apaiser les dieux. L'illustrateur a imaginé le sacrifice d'un bélier noir. Cette précision n'est pas chez Virgile, qui précise cependant la tonalité sombre du rite funéraire :
aggeritur tumulo tellus ; stant Manibus arae,
caeruleis maestae uittis atraque cupresso, (v. 63-64)
[On apporte de la terre sur le tertre ; on dresse à ses Manes un autel funèbre, avec des bandelettes bleu nuit et du noir cyprès.]
2. Folio 92 recto.
Informations techniques
Notice #023127