Pyrrhus et Andromaque - Charles Coypel
Analyse
ANDROMAQUE Ă Pyrrhus
Seigneur, voyez l’état où vous me réduisez.
J’ai vu mon père mort, et nos murs embrasés ;
J’ai vu trancher les jours de ma famille entière,
Et mon époux sanglant traîné sur la poussière,
Son fils seul avec moi, réservé pour les fers.
Mais que ne peut un fils ! Je respire, je sers.
J’ai fait plus ; je me suis quelquefois consolée
Qu’ici, plutôt qu’ailleurs, le sort m’eût exilée ;
Qu’heureux dans son malheur, le fils de tant de rois,
Puisqu’il devait servir, fût tombé sous vos lois ;
J’ai cru que sa prison deviendrait son asile.
Jadis Priam soumis fut respecté d’Achille :
J’attendais de son fils encor plus de bonté.
Pardonne, cher Hector, à ma crédulité !
Je n’ai pu soupçonner ton ennemi d’un crime :
Malgré lui-même enfin je l’ai cru magnanime.
Ah ! s’il l’était assez pour nous laisser du moins
Au tombeau qu’à ta cendre ont élevé mes soins,
Et que, finissant là sa haine et nos misères,
Il ne séparât point des dépouilles si chères !PYRRHUS.
Va m’attendre, Phœnix.Scène VII. PYRRHUS, ANDROMAQUE, CÉPHISE.
PYRRHUS.
Madame, demeurez.
On peut vous rendre encor ce fils que vous pleurez.
1. Signé à gauche et daté « Charles Coypel | 1732 ».
2. Réputé disparu dans le catalogue établi par Thierry Lefrançois (P146).
3. Pendant d’un tableau également réputé disparu, vendu en 1877 sous le titre « Scène tirée de Zaïre (tragédie de Voltaire) » (P109). Thierry Lefrançois propose d’identifier plutôt le pendant à « Atalide et Roxane » (P258). Bajazet est comme Zaïre une tragédie orientale, d’où la confusion. En revanche, il paraît plus logique que les deux pendants correspondent à deux tragédies de Racine. Patrick Lenaghan suggère de rapprocher ce tableau d’un carton de tapisserie perdu de Coypel, que nous connaissons par une gravure de Charles-Nicolas Silvestre, gravée vers 1723-1724 : « Le Bachelier Samson Carasco est vaincu par Don Quichotte » (Thierry Lefrançois, notice cat. P. 38 A).
Informations techniques
Notice #003944