La Justice et la Clémence - Lagrenée

Livret du Salon de 1765 :

« Par M. De La Grenée, Professeur.
20. […]
22. La Justice & la Clémence.
23. La Bonté & la Générosité.
Ces deux Tableaux (dessus-de-portes) sont destinés pour la Galerie de Choisy. »

Mercure de France, octobre 1765, p. 159-160 :

« On a regardé avec une prédilection bien flatteuse les ouvrages de M. de la Grenée, il a obtenu un rang très-distingué dans cette exposition. On a remarqué beaucoup de beautés dans ses deux grands tableaux, dont l’un représentoit S. Ambroise offrant à Dieu la lettre de Théodose pendant la Messe, & l’autre une pothéose de saint Louis ; la beauté du pinceau, la correction du dessein, la grande manière de jetter les draperies y satisfont les connoisseurs : tout le monde a généralement remarqué avec un plaisir & une admiration unanime, un tableau de moindre grandeur du même Peintre, représentant la Clémence qui veut apaiser la Justice. Rien n’est plus noblement pensé, plus dignement traité que ce sujet ; les caractères de st^tes des deux femmes sont d’un esprit qu’on ne sauroit trop louer ; la fraîcheur du coloris jointe à la force, à la beauté de la touche, produisent un grand & bel effet qui doit imprimer dans tous ceux qui voient ce tableau l’idée du premier & du plus beau de tous les genres. Le pendant de ce tableau, qui reprénete la Bonté allaitant un petit enfant, & la Générosité jettant en l’air des pièces d’or, ne produit pas un aussi grad effet par la nature du sujet qui est moins pathétique & moins imposant ; mais il fait autant d’honneur au Peintre dans les parties purement pratiques de l’art. On a fait une remarque assez juste à l’égard de l’action de la Générosité qui jette en l’air des pièces d’or, lorsqu’on dit que cette action désignoit plutôt la prodigalité que la vertu qu’on vouloit représneter :maison doit facilement mesurer de pareilles méprises, si l’on peut les qualifier ainsi, lorsque l’on pensera à l’extrême difficulté de donner un corps à certaines idées que l’esprit connoît facilement. »