Le Rieur et les Poissons (Fables de La Fontaine, 1678, 3eP) - Chauveau
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Analyse
Texte de la fable :
On cherche les Rieurs ; et moi je les évite.
Cet art veut sur tout autre un suprĂȘme mĂ©rite.
Dieu ne créa que pour les sots
Les méchants diseurs de bons mots.
Jâen vais peut-ĂȘtre en une Fable
Introduire un ; peut-ĂȘtre aussi
Que quelquâun trouvera que jâaurai rĂ©ussi.
Un Rieur était à la table
Dâun Financier ; et nâavait en son coin
Que de petits poissons : tous les gros étaient loin.
Il prend donc les menus, puis leur parle Ă lâoreille,
Et puis il feint Ă la pareille,
DâĂ©couter leur rĂ©ponse. On demeura surpris :
Cela suspendit les esprits.
Le Rieur alors dâun ton sage
Dit quâil craignait quâun sien ami
Pour les grandes Indes parti,
NâeĂ»t depuis un an fait naufrage.
Il sâen informait donc Ă ce menu fretin :
Mais tous lui rĂ©pondaient quâils nâĂ©taient pas dâun Ăąge
A savoir au vrai son destin ;
Les gros en sauraient davantage.
Nâen puis-je donc, Messieurs, un gros interroger ?
De dire si la compagnie
Prit goût à la plaisanterie,
Jâen doute ; mais enfin, il les sut engager
A lui servir dâun monstre assez vieux pour lui dire
Tous les noms des chercheurs de mondes inconnus
Qui nâen Ă©taient pas revenus,
Et que depuis cent ans sous lâabĂźme avaient vus
Les anciens du vaste empire.
2. TroisiĂšme partie, livre II, fable 8.
Informations techniques
Notice #004751