Armide devant Renaud endormi - Tiepolo
Analyse
La magicienne Armide avait planifié le meurtre de Renaud, qui menaçait les Sarrasins dans Jérusalem assiégée. Elle fait apparaître devant lui, alors qu'il s'est arrêté au bord du fleuve Oronte, une sirène fictive, qui l'a endormi. Puis elle s'approche pour le tuer. Mais face au beau jeune homme endormi, c'est le coup de foudre :
Mais quand elle pose son regard sur lui et
qu'elle le voit respirer tranquillement assoupi,
un doux sourire posé sur ses beaux yeux
clos (que serait-ce s'il les tournait vers elle ?),
elle reste d'abord interdite, puis s'assied
à ses côtés, et sent toute haine la quitter
en le regardant ; et penchée sur son beau front,
on dirait maintenant Narcisse à la fontaine.
Toute la subtilité de la composition de Tiepolo repose sur le fait qu'il ne peint pas le moment du coup de foudre, mais le moment qui le précède : Armide ne regarde pas encore Renaud, le tableau est construit autour de l'échange de regards entre Armide et la sirène qu'elle a forgé. La sirène fait écran au regard d'Aride, entre Armide et Renaud. Cupidon, sous le char d'Armide, ne décoche pas encore sa flèche d'amour. Il vient d'arriver, chevauchant un carquois phallique plus grand que lui. Il observe Armide, et tient la place du spectateur. Exactement, il fait face à son genou et à sa jambe nue déployée comme un sexe dans l'écrin de sa robe de soie jaune.
2. Legs de James Deering.
Informations techniques
Notice #000807