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Le Prince des Aigues Marines (Dessins pour le Cabinet des Fées) - Marillier

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Date :
1785
Nature de l'image :
Dessin (lavis)
Sujet de l'image :
Fonds Rothschild, Picot 225
Légende

Analyse

La scène prend place dans une clairière. Le prince des Aigues-Marines, naufragé sur l’île des Sauvages, se tient debout devant l’arbre au fond à gauche. Alors que le Roi des barbares était sur le point de le poignarder, celui-ci tombe soudainement mort devant lui, au premier plan à droite. On distingue le poignard à terre au bout de sa main gauche. A la suite du Roi, toutes les personnes qui posent les yeux sur le Prince succombent brutalement. Derrière le Roi, un sauvage effrayé enlace l’arbre de droite, comme pour se protéger du prince. Parmi les corps nus gisant sans vie sur le sol, on distingue au premier plan à gauche le corps d’une femme (enceinte ?), à droite les deux pieds d’un autre mort. Le Roi des sauvages est étendu sur le dos, bouche ouverte, tête renversée. Une femme est penchée sur sa gorge déployée, elle le prend dans ses bras. Le Roi gît sur un trône de pierre recouvert d’une peau de bête. Ses armes et attributs sont tombés à terre. Aux pieds du Prince des Aigues-Marines, devant et derrière lui, des barbares nus et apeurés, assis ou à genoux, tendent vers lui leurs bras et leurs regards implorant sa merci. Mais on sait à la lecture du texte que ceux-ci vont périr pour avoir posé les yeux sur le Prince. Le Prince des Aigues-Marines, qui croyait sa dernière heure arrivée, à ce moment de l’histoire, ne sait pas encore qu’il est frappé d’une malédiction et qu’au jour de ses vingt ans toutes les personnes qui poseront le regard sur lui tomberont mortes. L’illustration montre le moment précis où la malédiction prend effet : de ce fait, seules quelques personnes ont pour l’instant succombé, les autres sont sur le point de mourir. Cette situation explique le regard énigmatique du Prince, qui éprouve successivement peur, soulagement, effroi, incompréhension, mais semble vouloir garder en toutes circonstances l’attitude altière due à son rang.
Les cadavres du premier plan, les Sauvages assis du fond délimitent la scène proprement dite, tout entière tendue entre les deux troncs d’arbres. Si, à gauche, il est clair que c’est le prince et son regard médusant qui focalise l’attention, celle-ci se divise à droite entre le roi déjà terrassé et le sauvage qui embrasse l’arbre, et est destiné à tomber à son tour. La scène oscille donc entre ces deux événements : le passage de l’œil du spectateur du moment de la terrification au moment de la mort donne l’illusion du mouvement et de l’écoulement du temps ; c’est l’instant prégnant.
Entre le prince et ses deux victimes du premier plan à droite, les Sauvages lèvent la main, comme pour arrêter l’effet maléfique de son regard. De façon dérisoire, ils tentent de faire écran à ce regard qui tue. Les mains tendues signifient l’écran de la représentation.

Annotations :

1. Au-dessus du dessin Ă  gauche « le prince des aigues marines Â», Ă  droite « tom. 24 1er des. Â»
LĂ©gende dans le cartouche sous le dessin : « il Ă©toit prĂŞt a l’egorger, quand Soudain le poignard | tomba, et le Roi mĂŞme fut renversĂ© mort aux pieds de cet inconnu. Â»

2. 1ère illustration du volume 24.
Première publication, anonyme : Le Prince des Aigues Marines. Le Prince invisible. Paris, L.-D. Vatel, 1722, 214p. in-12.

Sources textuelles :

Informations techniques

Notice #008227

Image HD

Identifiant historique :
A7546
Traitement de l'image :
Photo numérique