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Recherche infructueuse

La mouche et la fourmi (Fables de La Fontaine, Barbin, 1668) - Chauveau

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Date :
1668
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
Rés. Lebaudy in-4 32
Œuvre signée

Analyse

La Mouche et la Fourmi contestaient de leur prix .
            Ô Jupiter ! dit la première,
Faut-il que l'amour-propre aveugle les esprits
            D'une si terrible manière,
            Qu'un vil et rampant Animal
A la fille de l'air ose se dire égal !
Je hante les palais,  je m'assieds à ta table :
Si l'on t'immole un bœuf, j'en goûte devant toi ;
Pendant que celle-ci chétive et misérable
Vit trois jours d'un fétu qu'elle a traîné chez soi.
            Mais ma Mignonne, dites-moi,
Vous campez-vous jamais sur la tête d'un Roi,
            D'un Empereur ou d'une Belle ?
Je le fais ; et je baise un beau sein quand je veux :
            Je me joue entre des cheveux ;
Je rehausse d'un teint la blancheur naturelle ;
Et la dernière main que met à sa beauté
            Une femme allant en conquête,
C'est un ajustement des Mouches emprunté.
            Puis allez-moi rompre la tête
            De vos greniers.  Avez-vous dit ?
            Lui répliqua la ménagère.
Vous hantez les palais ; mais on vous y maudit
            Et quant à goûter la première
            De ce qu'on sert devant les Dieux,
            Croyez-vous qu'il en vaille mieux ?
Si vous entrez partout, aussi font les profanes.
Sur la tête des Rois et sur celle des Ânes
Vous allez vous planter ;  je n'en disconviens pas ;
            Et je sais que d'un prompt trépas
Cette importunité bien souvent est punie.
Certain ajustement, dites-vous, rend jolie.
J'en conviens : il est noir ainsi que vous et moi.
Je veux qu'il ait nom Mouche : est-ce un sujet (6) pourquoi
            Vous fassiez sonner vos mérites?
Nomme-t-on pas aussi Mouches les parasites ?
Cessez donc de tenir un langage si vain :
            N'ayez plus ces hautes pensées.
            Les mouches de cour sont chassées ;
Les Mouchards sont pendus, et vous mourrez de faim,
            De froid, de langueur, de misère,
Quand Phébus régnera sur un autre hémisphère.
            Alors je jouirai du fruit de mes travaux :
            Je n'irai, par monts ni par vaux,
            M'exposer au vent, à la pluie ;
            Je vivrai sans mélancolie.
Le soin que j'aurai pris, de soin m'exemptera.
            Je vous enseignerai par là
Ce que c'est qu'une fausse ou véritable gloire.
Adieu, je perds le temps : laissez-moi travailler;
        Ni mon grenier, ni mon armoire,
            Ne se remplit à babiller."

Annotations :

1. Signé en bas au centre droit « F. C. »

2. Livre IV, Fable 3.

Sources textuelles :
La Fontaine, Fables (1668-1692)

Informations techniques

Notice #008904

Image HD

Identifiant historique :
A8223
Traitement de l'image :
Photo numérique
Localisation de la reproduction :
Collection particulière (Cachan)