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Le festin de Balthasar - Rembrandt

Date :
Entre 1636 et 1638
Nature de l'image :
Peinture sur toile
Dimensions (HxL cm) :
167,6x209,2 cm
Lieu de conservation :
NG 6350 (salle 24)
Mentions dans l'image
ƒuvre signĂ©e
ƒuvre datĂ©e

Analyse

Balthasar roi de Babylone, au centre, coiffĂ© d’un turban oriental, prĂ©side le banquet qu’il a ordonnĂ© avec la vaisselle sacrĂ©e du temple de JĂ©rusalem. Au moment oĂč, Ă  droite, une servante allait lui verser Ă  boire, une main surnaturelle inscrit en lettres lumineuses sur le mur derriĂšre lui une formule mystĂ©rieuse que seul le jeune prophĂšte juif Daniel saura interprĂ©ter.
Rembrandt suit, pour cette inscription, l’interprĂ©tation que son voisin, le rabbin Menasseh ben Israel, proposait dans son livre, le De Terminis vitae : si les devins babyloniens n’ont pas su lire l’inscription divine, ce n’est pas parce qu’ils ne lisaient pas l’hĂ©breu, mais parce que les lettres Ă©taient disposĂ©es non horizontalement, comme Ă  l’ordinaire, mais verticalement, en cinq colonnes de trois lettres qu’il fallait lire ainsi, de droite Ă  gauche : MĂ©NE, MĂ©NE, TĂ©QeL, UPhaR SIN, pesĂ©, pesĂ©, comptĂ©, divisĂ© (le premier mot est rĂ©pĂ©tĂ©, le dernier mot occupe deux colonnes). On sait comment Daniel interprĂ©ta le message : tu as Ă©tĂ© pesĂ©, ton temps est comptĂ©, ton royaume sera divisĂ©. Le lendemain, Babylone Ă©tait prise par les Perses.    Le moment choisi par Rembrandt est le moment oĂč Balthasar se retourne pour lire l’inscription, que la main achĂšve de tracer. Dans son geste de la main gauche, il dĂ©sĂ©quilibre la servante, qui renverse le vin sur sa manche.    Le tableau superpose deux Ă©crans : l’écran traditionnel, formĂ© par le manteau de Balthsar, sĂ©pare un espace restreint, occupĂ© par le roi et par sa servante, de l’espace vague, Ă  gauche, oĂč sont reprĂ©sentĂ©s le spectateurs de la scĂšne ; mais il y a aussi l’écran de projection que forme en nhaut Ă  droite le mur, avec son inscription lumineuse. Curieusement, la main de Dieu est une main droite disposĂ©e Ă  gauche, comme celle de Balthasar. La main n’écrit donc pas en face d’elle, mais « contre soi », en aveugle, comme un homme Ă©crirait sur son ventre : Rembrandt signifie par lĂ  que Dieu est derriĂšre l’écran, et conçoit les lettres lumineuses comme des fentes de derriĂšre lesquelles la lumiĂšre divine irradie.

Annotations :

1. Signature visible seulement aux ultra-violets : « Rembrand[.] f 163[.] »

2. AchetĂ© en 1964 avec l’aide de l’Art Fund.

3. Rembrandt se serait inspirĂ© d’une copie de l’EnlĂšvement d’Europe de VĂ©ronĂšse pour la jeune femme de gauche qui renverse sa coupe. Voir liens.

Composition de l'image :
ScĂšne (espace vague/espace restreint)
Objets :
Table
Raisin, vigne
Plume tombante
Personnage de dos
Mur de fond
Les personnages font cercle autour de la scĂšne
Main de Dieu
Inscription
Sources textuelles :
Daniel
5, 1-29 (Bible de Jérusalem, p. 1551)
Sujet de recherche :
S. Lojkine, Image et subversion, chap. 3 (Le Festin de Balthasar de Rembrandt)

Informations techniques

Notice #000913

Image HD

Identifiant historique :
A0232
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
http://www.nationalgallery.org.uk/ (National Gallery de Londres)
Bibliographie :
Ch. Brown, J. Kelch, P. van Thiel, Rembrandt. Le M. & son at., Flammarion, 1991
p. 185