Le Prince Roger (Les illustres fées, 1710)
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Analyse
Résumé du conte :
Un comte de Poitou voulait faire voir le monde à son fils aîné, le prince Roger. Pour le parer contre tous les dangers, il cherche les secrets de Mélusine, dont il est le descendant, dans la Tour de Lusignan, qui est son ancienne demeure. Il trouve finalement dans la tour un coffre d’acier. Le comte fait forcer le coffre, il en sort une puissante lumière. Le comte donne à son fils une baguette d’ivoire qui avait le pouvoir de métamorphose et des anneaux d’or qui rendent invisibles ceux qui les portaient à découvert.
Le jeune homme utilise ces anneaux pour s’introduire avec son écuyer dans le château d’une Dame qu’il aime. Il y passe la nuit et part le lendemain pour Barcelone, où une série de tournois est organisée à l’occasion du mariage de la fille du Comte de Catalogne. Le prince Roger remporte tous les combats et se fait aimer de la princesse, qui ne s’apprête à se marier que par raison d’état. Le prince surprend ses sentiments grâce à son anneau magique. Il lui déclare alors sa flamme et lui annonce qu’il prépare une supercherie pour son rival.
Au soir des noces, alors que la mariée a été mise au lit en grande cérémonie, que son époux est entré dans le lit, le prince Roger, présent et invisible, frappe son rival de sa baguette et l’endort. Il apparaît alors à la princesse, qui cependant se refuse à lui.
La supercherie se répète plusieurs jours de suite : l’époux s’endort dès qu’il entre dans le lit, et quand il s’éveille trouve son épouse endormie, de sorte que le mariage ne se consomme pas.
A la demande de la princesse, le prince Roger interrompt cependant ce manège, et il court de conquêtes en conquêtes à la cour de Barcelone. Il se rend invisible dans la chambre d’une autre princesse : celle-ci l’entend, crie, on le poursuit. En recoupant cette aventure avec celle de la fille du comte de Catalogne et avec les prix remportés aux tournois, la cour en conclut que le prince Roger est un Enchanteur. Il s’enfuit à Angoulême où il s’éprend de la fille aînée du comte, Tullie, au point de renoncer à toute autre galanterie.
Après avoir obtenu le consentement du comte d’Angoulême, puis du comte de Poitou, le prince Roger épouse la princesse Tullie, et renonce à tous les enchantements.
La gravure représente le début du conte : on reconnaît à droite la tour et le château à demi effondrés de Lusignan. Au pied des deux femmes qui se tiennent à l’entrée de la tour l’objet blanc et circulaire est sans doute le coffre de Mélusine. Le personnage assis est le comte de Poitou. Mélusine et sa suivante apparaissent au comte : cette apparition n’est pas mentionnée dans le texte ; par elle, l’illustrateur explique à qui appartient le coffre. Autour du comte, l’auréole de flammes et la fumée figurent la lumière qui apparaît alors.
Pour ce conte, Mailly s'inspire-t-il de dom Rodrigue et de la maison ou de la tour d'Hercule, une légende attestée dès le VIIIe siècle, rapportée par Pedro de Corral dans la Crónica del rey don Rodrigo (1549), et qui sera reprise par Sade dans Aline et Valcour (lettres XXXV et XXXVIII) et dans Les Crimes de l'amour (« Rodrigue ou la tour enchantée »).
2. Reprise inversée de la gravure plus frustre (sur bois ?) de l’édition de Paris, M.-M. Brunet, 1698, cote Bnf Y2-8798, Arsenal 8-BL-19106, microfilm de mauvaise qualité reproduit sur Gallica.
P. 55 dans l’éd. de 1698.
Informations techniques
Notice #009996