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Recherche infructueuse

Livre IV, chapitre 9. Par quel incident Gil Blas sortit de chez la marquise de Chaves, et ce qu'il devint.

C’était une grande et profonde grotte que le temps avait percée dans la montagne ; et la main des hommes y avait ajouté un avant-corps de logis bâti de rocailles et de coquillages, et tout couvert de gazon. Les environs étaient parsemés de mille sortes de fleurs qui parfumaient l’air ; et l’on voyait auprès de la grotte une petite ouverture dans la montagne, par où sortait avec bruit une source d’eau qui courait se répandre dans une prairie. Il y avait à l’entrée de cette maison solitaire un bon ermite qui paraissait accablé de vieillesse. Il s’appuyait d’une main sur un bâton, et de l’autre il tenait un rosaire à gros grains, de vingt dizaines pour le moins. Il avait la tête enfoncée dans un bonnet de laine brune à longues oreilles, et sa barbe, plus blanche que la neige, lui descendait jusqu’à la ceinture. Nous nous approchâmes de lui. Mon père, lui dis-je, voulez-vous bien que nous vous demandions un asile contre l’orage qui nous menace ? Venez, mes enfants, répondit l’anachorète après m’avoir regardé avec attention ; cet ermitage vous est ouvert, et vous y pourrez demeurer tant qu’il vous plaira. Pour votre cheval, ajouta-t-il en nous montrant l’avant-corps de logis, il sera fort bien là. Le cavalier qui m’accompagnait y fit entrer son cheval, et nous suivîmes le vieillard dans la grotte. (Folio, p. 374-375)

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