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Recherche infructueuse

Livre IV, chapitre 11. Quel homme c’était que le vieil ermite et comment Gil Blas s’aperçut qu’il était en pays de connaissance.

Il allait ajouter à cela beaucoup d’autres choses pour exhorter don Alphonse à prendre patience, lorsque nous vîmes entrer dans l’ermitage un autre ermite chargé d’une besace fort enflée. Il revenait de faire une copieuse quête dans la ville de Cuença. Il paraissait plus jeune que son compagnon, et il avait une barbe rousse et fort épaisse. Soyez le bienvenu, frère Antoine, lui dit le vieil anachorète : quelles nouvelles apportez-vous de la ville ? D’assez mauvaises, répondit le frère rousseau en lui mettant entre les mains un papier plié en forme de lettre ; ce billet va vous en instruire. Le vieillard l’ouvrit, et, après l’avoir lu avec toute l’attention qu’il méritait, il s’écria : Dieu soit loué ! puisque la mèche est découverte, nous n’avons qu’à prendre notre parti. Changeons de style, poursuivit-il, seigneur don Alphonse, en adressant la parole au jeune cavalier ; vous voyez un homme en butte comme vous aux caprices de la fortune. On me mande de Cuença, qui est une ville à une lieue d’ici, qu’on m’a noirci dans l’esprit de la justice, dont tous les suppôts doivent dès demain se mettre en campagne pour venir dans cet ermitage s’assurer de ma personne. Mais ils ne trouveront point le lièvre au gîte. Ce n’est pas la première fois que je me suis vu dans de pareils embarras. Grâce a Dieu, je m’en suis presque toujours tiré en homme d’esprit. Je vais me montrer sous une nouvelle forme ; car, tel que vous me voyez, je ne suis rien moins qu’un ermite et qu’un vieillard. (Folio p. 393)

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