Livre V, chapitre 2. Du conseil que don Raphaël et ses auditeurs tinrent ensemble, et de l’aventure qui leur arriva lorsqu’ils voulurent sortir du bois.
À ces mots, il s’avance vers la lumière qui n’était pas fort éloignée ; il s’en approche à pas de loup. Il écarte doucement les feuilles et les branches qui s’opposent à son passage, et regarde avec toute l’attention que la chose lui paraît mériter. Il vit sur l’herbe, autour d’une chandelle qui brûlait dans une motte de terre, quatre hommes assis, qui achevaient de manger un pâté et de vider une assez grosse outre qu’ils baisaient à la ronde. Il aperçut encore à quelques pas d’eux une femme et un cavalier attachés à des arbres, et un peu plus loin une chaise roulante, avec deux mules richement caparaçonnées. Il jugea d’abord que les hommes assis devaient être des voleurs ; les discours qu’il leur entendit tenir lui firent connaître qu’il ne se trompait pas dans sa conjecture. Les quatre brigands faisaient voir une égale envie de posséder la dame qui était tombée entre leurs mains, et ils parlaient de la tirer au sort. Lamela, instruit de ce que c’était, vint nous rejoindre, et nous fit un fidèle rapport de tout ce qu’il avait vu et entendu. (Folio p. 476)