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Recherche infructueuse

Livre VII, chapitre 1. Des amours de Gil Blas et de la dame Lorença Séphora.

Gil Blas apprend que la dame Lorença a au dos un cancer qui la ronge, et qu'un chirurgien vient panser tous les soirs. C'en est fini de son amour !

Depuis ce moment-là, Séphora ne s’offrit plus que désagréablement à ma pensée. J’éludai toutes les occasions qu’elle me donna de l’entretenir en particulier ; ce que je fis avec tant de soin et d’affectation, qu’elle s’en aperçut. Étonnée d’un si grand changement, elle en voulut savoir la cause ; et, trouvant enfin le moyen de me parler à l’écart : Monsieur l’Intendant, me dit-elle, apprenez-moi, de grâce, pourquoi vous fuyez jusqu’à mes regards. Au lieu de chercher comme auparavant l’occasion de m’entretenir, vous prenez soin de m’éviter. Il est vrai que j’ai fait les avances, mais vous y avez répondu : rappelez-vous, s’il vous plaît, la conversation particulière que nous avons eue ensemble : vous y étiez tout de feu ; vous êtes à présent tout de glace. Qu’est-ce que cela signifie ? La question n’était pas peu délicate pour un homme naturel. Aussi je fus fort embarrassé. Je ne me souviens plus de la réponse que je fis à la dame ; je me souviens seulement qu’elle lui déplut infiniment. Séphora, quoique à son air doux et modeste on l’eût prise pour un agneau, était un tigre quand la colère la dominait. Je croyais, me dit-elle en me lançant un regard plein de dépit et de rage, je croyais faire beaucoup d’honneur à un petit homme comme vous, en lui découvrant des sentiments que de nobles cavaliers feraient gloire d’exciter. Je suis bien punie de m’être indignement abaissée jusqu’à un malheureux aventurier. (Folio p. 510-511)

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