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Recherche infructueuse

SCÈNE VI.
Ninias, une épée sanglante à la main, Azéma.

NINIAS.
Ciel ! où suis-je ?

AZÉMA.
Ah ! seigneur
Vous êtes teint de sang, pâle, glacé d'horreur.

NINIAS, d'un air égaré.
Vous me voyez couvert du sang du parricide.
Au fond de ce tombeau mon père était mon guide
J'errais dans les détours de ce grand monument,
Plein de respect, d'horreur, et de saisissement ;
Il marchait devant moi : j'ai reconnu la place
Que son ombre en courroux marquait à mon audace.
Auprès d'une colonne, et loin de la clarté
Qui suffisait à peine à ce lieu redouté,
J'ai vu briller le fer dans la main du perfide ;
J'ai cru le voir trembler : tout coupable est timide.
J'ai deux fois dans son flanc plongé ce fer vengeur ;
Et d'un bras tout sanglant, qu'animait ma fureur,
Déjà je le traînais, roulant sur la poussière,
Vers les lieux d'où partait cette faible lumière :
Mais, je vous l'avouerai, ses sanglots redoublés,
Ses cris plaintifs et sourds, et mal articulés
Les dieux qu'il invoquait, et le repentir même
Qui semblait le saisir à son heure suprême ;
La sainteté du lieu, la pitié dont la voix,
Alors qu'on est vengé, fait entendre ses lois ;
Un sentiment confus, qui même m'épouvante,
M'ont fait abandonner la victime sanglante.
Azéma, quel est donc ce trouble, cet effroi,
Cette invincible horreur qui s'empare de moi ?
Mon coeur est pur, ô dieux ! mes mains sont innocentes :
D'un sang proscrit par vous vous les voyez fumantes ;
Quoi ! j'ai servi le ciel, et je sens des remords !

AZÉMA.
Vous avez satisfait la nature et les morts.
Quittons ce lieu terrible, allons vers votre mère ;
Calmez à ses genoux ce trouble involontaire :
Et puisque Assur n'est plus...

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