Après la mort d'Achille, Ulysse et Ajax se disputent ses armes. Ulysse plaide sa cause en rappelant comment il est allé le chercher parmi les filles de Lycomède pour le mener à la guerre de Troie :
Thétis, la mère d'Achille, prévoyant la mort prématurée de son fils, cacha son sexe sous l'habit d'une vierge : ce déguisement trompa les Grecs, et Ajax avec eux. C'est moi [Ulysse] qui, parmi de frivoles atours, mêlai des armes, dont la vue devait émouvoir le courage d'un héros. Ses vêtements étaient encore ceux d'une compagne de Déidamie, quand il saisit le bouclier et l'épée : Fils d'une déesse, m'écriai-je alors, les destins réservent à ton bras la chute de Pergame. Que tardes-tu à venir renverser ses trous et ses remparts ? Et, saisissant sa main, je l'entraîne, et conduis un grand courage à de grandes actions. Ainsi, tout ce qu'a fait Achille, c'est à moi que vous le devez. Ainsi, croyez que c'est par ma lance que Télèphe fut abattu, que Télèphe vaincu et suppliant conserva la vie. Croyez que la ruine de Thèbes fut mon ouvrage ; que Lesbos, Ténédos, Chrysé et Cilla, villes consacrées à Apollon, devinrent ma conquête ; que j'ai pris Scyros, que j'ai fait tomber les murailles de Lyrnèse. Et, passant sous silence tant d'autres exploits, c'est moi qui ai donné à la Grèce celui qui pouvait seul vaincre Hector : c'est donc par moi que l'illustre Hector a péri. Je demande ces armes pour prix de celles qui me firent reconnaître Achille; je lui donnai des armes pendant sa vie; je réclame les siennes après sa mort.