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Publiée le mar 11/02/2025 - 15:06
Calendrier - Présentation - Bibliographie
Poster du programme général du séminaire

Alexandra Komaniecki - Georg Ernst - Pietro Della Sala - Baptiste Reboul

Lien zoom des séances de séminairehttps://univ-amu-fr.zoom.us/j/93025947713?pwd=jZx1Pyi25BEidmEcUbmzfoY1NuxsaW.1

ID de réunion : 930 2594 7713

Code secret : 628195

Programme 2025

Février-juin 2025 : séances de séminaire

  1. La tradition théâtrale : de la figure à l’évènement spectral (28 février 2025)

  2. Les dispositifs fictionnels : l’évènement en milieu spectral

Vendredi 28 mars 2025 (hybride) : 14h-17h, salle 201 du Cube

Avec Emmanuelle Sempère et Raoul Kirchmayr

Communications :

- Baptiste Reboul : La mise en place du dispositif spectral dans les romans noirs de l’entre-deux-siècles (1797-1801)

  • La fin du XVIIIe siècle consacre la prolifération du spectre dans le roman, au point de faire émerger un type de roman à succès, appelé le roman gothique en Angleterre ou le roman noir en France. Même si le spectre n'est qu'assez rarement véritable dans le roman noir, sa présence intronise un dispositif de représentation dont elle est la composante essentielle et qui rompt avec un schéma de représentation classique basé sur l'apparition scénique. Avec une étude de cas, le roman noir Ladouski et Floriska de Lacroix de Niré publié en 1801, cette communication tentera de montrer comment un tel dispositif se met en place, en en dégageant les différentes pièces qui tournent autour de la notion de spectre et en montrant que trois dimensions - spatiale, imaginaire et symbolique - se superposent. Cette présentation sera accompagnée de quelques images tirées du large corpus d'illustrations des romans noirs publiés en France.

- Georg Ernst : De la finesse voltairienne à la subtilité nietzschéenne : un modèle épistolaire pour le rapport à l’histoire dans Humain, trop humain (1878)

  • Bien qu’en 1878 Nietzsche ait dédié Humain, trop humain à Voltaire, et qu’il écrive dans Ecce Homo (1888) que ce pas vers Voltaire était « une avancée » vers lui-même, l’inspiration voltairienne est un aspect peu étudié de l’œuvre nietzschéenne. Elle ne repose d’ailleurs pas sur une connaissance approfondie des textes de Voltaire, mais plutôt sur la réception d’un ton bien particulier, qui mêle ironie, légèreté et perspective pessimiste. Il semblerait que la correspondance de Voltaire, les lettres choisies de l’édition de Moland, soit une source privilégiée pour le Voltaire de Nietzsche. Le but de cette communication sera d’explorer la similitude entre le dispositif à l’œuvre dans la lettre de Voltaire à Rousseau du 30 août 1755 et le dispositif à l’œuvre dans Humain, trop humain, qui oppose Voltaire et Rousseau au profit de l’émergence d’un récit autobiographique nietzschéen.
  1. Le spectre sur la scène contemporaine : hantise du spectateur dans le hors-champ

Vendredi 25 avril 2025 (hybride) : 14h-17h, salle colloque 1

Avec Jean-Baptiste Carobolante

Communications :

- Alexandra Komaniecki : La spectralité du charnier : une expérience spectatorielle contemporaine

- Mateo Mavromatis : 4.48 psychoses : l’esthétique du marécage

  1. La musique spectrale

Vendredi 23 mai 2025 (hybride) : 14h-17h, salle colloque 1

Communications :

- Charles de Paiva Santana : Présentation de la musique spectrale

  1. Le spectre en temps de crise : réalité spectrale entre héritage culturel et ruines du futur

Vendredi 27 juin 2025 (hybride) : 14h-17h, salle colloque 1

Communications :

- Carlo Baghetti : La figure du mineur en tant que présence fantomatique dans les narrations européennes contemporaines

- Pietro Della Sala : « Il fantasma di una vita oltrapossente ». Projections et préfigurations spectrales dans « Les vierges aux rochers » de Gabriele d’Annunzio

- Shun Sugino : Les spectres de la crise : les ruines du futur et le dispositif de la hantise

Septembre-octobre 2025 : journée d’étude de clôture

Concept : La journée d’étude est conçue avec un enjeu double. Il s’agit de confronter les différentes définitions du spectre et de la spectralité mobilisées lors des séances du séminaire, afin de dégager non-seulement les similitudes, mais également les ruptures interdisciplinaires. En même temps il s’agit de confronter la réflexion théorique à la performance artistique. Ainsi nous espérons rythmer la journée par des communications, des tables rondes et des lectures performées (LESA).

Présentation du séminaire

Le phénomène spectral est par essence pris dans une série de contradictions : présence d’une absence, invisibilité visible, corps immatériel, le spectre semble en tous points insaisissable. Cela pose d’emblée le problème de la représentation, car bien que l’on puisse croire que, dans la littérature et dans les arts, représenter engage la matérialité d’un objet, cette matérialité est presque toujours questionnée : cette remise en question différencie même l’objet réel de l’objet représenté. C’est en ce sens que l’on peut proposer une première définition du spectre, qui constituera l’objet du séminaire, et se demander en quoi son sens et son approche, connaissant de nombreuses ruptures, ont varié et investi différents champs spatiaux, artistiques, disciplinaires.

La tradition théâtrale : le théâtre de la Renaissance et de l’âge baroque abonde en spectres. L’enjeu sera de voir quel rôle le spectre peut avoir dans la dramaturgie de la première modernité. On se demandera ensuite pourquoi il semble quitter les planches dans le théâtre classique du XVIIe, et s’il a encore une place dans la dramaturgie rationaliste des Lumières. On essayera de corréler cette disparition apparemment programmée des spectres avec une transformation plus profonde de la dramaturgie et plus généralement de la production fictionnelle : le passage d’une littérature de l’aventure à une littérature de l'événement fait émerger la forme spectrale de la hantise de l’événement à venir. Est-ce ce qui permet d’expliquer le retour des spectres sur la scène de la représentation ?

Les dispositifs fictionnels : on s’aperçoit en effet qu’à la fin du XVIIIe siècle, les spectres investissent la fiction romanesque, notamment la fiction gothique. Vidée en partie de son essence surnaturelle, l’apparition des spectres est alors douteuse pour les personnages même de la fiction. Sur le modèle de l'événement historique spectral qu'avaient conçu les Lumières, les événements de l’histoire personnelle des personnages deviennent source de hantise : ils sont hantés par l’Ancien Régime et la Révolution française. On s’efforcera à partir de la mise en série de ces différentes apparitions spectrales, au théâtre, dans le roman, dans le discours sur l’histoire, de modéliser le dispositif spectral qui se dessine alors comme le nouveau dispositif central de la représentation.

L’approche contemporaine : la création contemporaine démultiplie les possibilités expressives et représentatives du spectre, en les déployant notamment dans toutes les formes nouvelles de l’expression artistique. On se demandera si ces nouvelles formes peuvent être corrélées aux dispositifs qui ont émergé depuis la Renaissance et après la Révolution. Un premier constat fait apparaître qu’une certaine spectralité contemporaine est confrontée à la question du regard et de la mémoire. L’enjeu n’est plus de représenter un personnage hanté, mais d’amener le spectateur à substituer ce qu’il voit aux éléments de sa propre imagination qui le hantent. Ainsi s’ouvre un espace de hantise pour le spectateur, un espace vide et hors-champ, dans lequel prend place une chose monstrueuse et menaçante.

Spectres en temps de crise : Notre époque est marquée par de multiples crises écologiques et sociales. La projection d’un futur en ruine dans lequel nous errons avec notre propre fantôme marque la conscience collective. Ainsi ce ne sont pas seulement les spectateurs, mais plus généralement les citoyens de l’occident, qui projettent leur hantise dans le monde contemporain et futur. Simultanément, un passé perdu est ravivé pour perpétuer un héritage culturel qui devient entièrement virtuel. Tout se passe comme si, dans le partage que la représentation présente du réel et du spectral, le spectral gagnait sans cesse du terrain, jusqu’à devenir notre réalité même : mais n’est-ce pas là un paradoxal retour des spectres de la Renaissance ?

  1. La tradition théâtrale : de la figure à l’évènement spectral

Vendredi 28 février 2025 (hybride) : 14h-17h, salle 2.44 de la Maison de la Recherche

Communications :

- Juliette Privat : Les spectres sur la scène tragique à la Renaissance

  • Les figures spectrales sont omniprésentes dans le théâtre tragique de la Renaissance : ombres, fantômes et autres revenants y apparaissent régulièrement. Ils y jouent d'abord un rôle dramatique : ce sont souvent des personnages protatiques qui assurent l'exposition de l'intrigue et en annoncent le déroulé. Au cours de la pièce, ils prédisent même l'avenir tragique des protagonistes. Ils apparaissent aussi bien en songe que sur scène, où leur présence est conçue comme possible et réelle. Après un rapide panorama des présences spectrales dans les tragédies françaises du XVIe siècle, cette communication en a exploré les modalités de représentation : comment ces revenants sont-ils ou non représentés sur scène, suggérés à l'imagination du spectateur ? Cette présentation s'est aussi interrogé sur leur rôle dans la constitution d'une esthétique tragique spécifique à cette époque : la tragédie renaissante peut-elle se définir comme un théâtre spectral ? En quoi les fantômes qui la hantent révèlent-ils sa proximité avec la mort ?

- Georg Ernst : Le spectre dans le théâtre de Voltaire : la dramaturgie au croisement de la philosophie de l’histoire

  • Selon la critique, la mort de la tragédie classique et l’inactualité de son discours philosophique ont condamné le théâtre de Voltaire à l’oubli au cours du XIXe siècle. Il s’ajoute comme condition aggravante la proximité avec Shakespeare. Contrairement à son modèle anglais, Voltaire mobiliserait les spectres uniquement comme incarnation d’une question philosophique : Est-ce que Dieu intervient dans l’histoire ? Dans ses différentes tragédies Voltaire explore les différentes implications de cette question et les différentes manières de mobiliser les spectres. Le but de cette contribution a été de préciser la pratique philosophique voltairienne dans ses tragédies, et de commenter le discours philosophique qui se dessine avec les spectres de Sémiramis (1749), Mérope (1743), Mahomet (1741) et Œdipe (1718).

Bibliographie

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ANTONIOLI, Manola, « Entre Blanchot et Derrida, De l’image spectrale aux cimetières virtuels », in Chimères, n°66-67 (1), 133-144.

AUSTER, Paul, Espaces blancs, Nice, Unes, 2016.

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COQUIO, Catherine, Le Mal de vérité ou l’utopie de la mémoire, Paris, Armand Colin, 2015.

COULOMBE, Maxime, Petite philosophie du zombie : ou comment penser par l’horreur, Paris, PUF, 2012.

DERRIDA, Jacques, Spectres de Marx, Paris, Galilée, 1993.

DIDEROT, Denis, Salon de 1767, in Œuvres complètes, éd. Dieckmann-Poust-Varlot, t. XVI, Paris, Hermann, 1990.

DIDIER, Béatrice, Écrire la Révolution, 1789-1799, Paris, Presses Universitaires de France, 1989.

DIDI-HUBERMAN, Georges, L’Image survivante, histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Paris, Les Éditions de Minuit, 2002.

DUFOURT, Hugues, "Musique spectrale", in Conséquence n°7/8, 1985-1986.

FISHER, Mark, Le Réalisme capitaliste. N'y a-t-il pas d'alternative ?, Genève, Entremonde, 2009.

GRISEY, Gérard, "La musique : le devenir des sons", in Conséquence n°7/8, 1985-1986.

HÉNIN, Emmanuelle, « Fantôme et Mimèsis à l’âge classique : la théorie hantée », in Dramaturgie de l’ombre, dir. François Lecercle & Françoise Lavocat, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2005.

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PRUNGNAUD, Joëlle, Gothique et décadence : recherches sur la continuité d’un mythe et d’un genre au XIXe siècle en Grande-Bretagne et en France, Paris, Honoré Champion, 1997.

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