Skip to main content
×
Recherche infructueuse

Supplication of the rope for the Cornelia family (Juliette, IV, fig. 36)

Description

En Italie, Juliette, son amie Olympe, le chef de la police intĂ©rieure de Rome Ghighi, et le premier physicien d’Europe, le Comte Bracciani, prĂ©parent un plan pour incendier plusieurs hĂ´pitaux de Rome. En attendant de mettre ce plan Ă  exĂ©cution, ils organisent des orgies chez Olympe, plus prĂ©cisĂ©ment dans « un petit jardin isolĂ©, environnĂ© de cyprès Â» (Sade, Ĺ’uvres III, PlĂ©iade, p. 842). Au cours de ces orgies, les libertins en viennent Ă  s'en prendre Ă  la famille d'une certaine CornĂ©lie, arrĂŞtĂ©e arbitrairement. Sa famille se compose de son frère LĂ©onard et de leur mère. Après un simulacre d'interrogatoire organisĂ© par Ghighi, la famille est implacablement jugĂ©e coupable de crimes qu'elle n'a jamais commis. Les membres de cette famille sont donc longuement torturĂ©s avant le supplice final. Celui-ci consiste Ă  ĂŞtre pendu par une corde qui noue ensemble dans le dos les mains et les pieds. La corde Ă©tant rattachĂ©e Ă  une poulie, les libertins peuvent la faire monter et descendre autant qu'ils le dĂ©sirent, ce qui provoque un Ă©cartèlement progressif dĂ» aux multiples « cabrioles Â» (p. 846).

C'est prĂ©cisĂ©ment la scène illustrĂ©e sur la gravure. Bracciani, sur la gauche, actionne une corde reliĂ©e au personnage central pendu. Les bouches ouvertes des membres de la famille de CornĂ©lie tĂ©moignent de la douleur qu'ils Ă©prouvent, le supplice leur brisant « la poitrine, les reins, les vaisseaux Â» (ibid.). Ils ne rĂ©sistent d’ailleurs pas longtemps au supplice, et troueant bientĂ´t la mort. C'est ce qui fait dire au narrateur que « tout dĂ©charge Â» (ibid.), que ce soient les victimes en mourant, les libertins en jouissant, ou le scĂ©nario sadien lui-mĂŞme en s’accomplissant. En-dessous du mĂ©canisme, Ghighi est polluĂ© par Juliette sur les fesses d'Olympe.

Le cadre extérieur que représente l’image est assez inhabituel dans les gravures sadiennes, qui renferment plus généralement les scènes dans des lieux clos. Mais la hauteur des cyprès donne l'impression qu'un vrai mur confine la scène dans le secret, laissant tout juste accès à un bout de ciel.

« — Prisonniers, dit alors le magistrat, en affectant le ton le plus sĂ©vère ; vous ĂŞtes, je crois, pĂ©nĂ©trĂ©s de vos crimes… — Nous n’en commĂ®mes jamais, dit CornĂ©lie. — Je crus un moment ma fille coupable ; mais Ă©clairĂ©e par ta conduite, je sais maintenant Ă  quoi m’en tenir. — Vous allez le mieux savoir tout Ă  l’heure ; et nous les fĂ®mes Ă  l’instant passer avec nous dans le petit jardin prĂ©parĂ© pour l’exĂ©cution ; Ghigi leur fit lĂ  un interrogatoire dans toutes les formes ; je le branlais pendant ce temps lĂ . Vous n’imaginez pas l’art avec lequel il les fit tomber dans tous les pièges qu’il leur tendait…
    […] On les attache Ă  la fin tous trois, aux cordes qui vont leur donner la mort : quinze cabrioles consĂ©cutives leur brisent bientĂ´t la poitrine, les reins, les vaisseaux ; au dixième, l’enfant de CornĂ©lie se dĂ©tache, et tombe sur les cuisses de Ghigi, que je branlais sur les fesses d’Olympe, pendant que Bracciani faisait aller la corde. Tout dĂ©charge Ă  ce spectacle, et ce que je remarquai d’affreux, c’est qu’on le poursuivit. Quoique les tĂŞtes fussent calmes, aucun de nous n’imagina de demander grâce ; et les coups de cordes se continuèrent jusqu’à ce que les malheureux, qu’on y appliquait, eussent rendu l’âme ; et voilĂ  comme le crime s’amuse de l’innocence, quand ayant pour lui le crĂ©dit et la richesse, il ne lui reste plus Ă  lutter que contre l’infortune et la misère. Â»

History :

1. Au-dessus de la gravure Ă  gauche « T. VIII. Â», Ă  droite « P. 257. Â»

Textual Sources :
Sade, Donatien Alphonse François, marquis de (1740-1814)

Technical Data

Notice #013664

Image HD

Past ID :
B2983
Image editing :
Image web
Image Origin :
Bibliothèque numérique Gallica, Bibliothèque nationale de France (https://gallica.bnf.fr)