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Recherche infructueuse

Eulalie beheaded by the Bishop of Grenoble (Nlle Justine, 1799, ch19, fig37)

Description

A Grenoble, Justine est enlevĂ©e par la Dubois et conduite chez l’évĂŞque. L'un et l'autre sont des libertins. On l’introduit dans un cabinet « de forme pentagone Â» (p. 1056). Ce cabinet n'a pas d'ouverture sur l'extĂ©rieur : la lumière qui l'Ă©claire vient de la verrière du toit. Cinq glaces ornent ses murs, parmi lesquelles se cache une porte : Justine ne peut donc pas savoir oĂą est la sortie, ce qui assure son confinement. Au centre du cabinet, au milieu d’un « bassin » destinĂ© Ă  recevoir le sang des victimes, un Ă©chafaud surĂ©levĂ© est dressĂ© face Ă  un mannequin Ă  tĂŞte de mort qui tient un sabre : si l’on tire sur le cordon qui est reliĂ© au mannequin, la personne qui se trouve sur l’échafaud est dĂ©capitĂ©e. La façon dont on tire sur la corde assure une dĂ©capitation plus ou moins rapide, et donc plus ou moins douloureuse. Sous l'Ancien RĂ©gime, la dĂ©capitation est le châtiment rĂ©servĂ© aux nobles (par diffĂ©rence par exemple avec la pendaison). Parce qu'il s'agit du supplice le plus solennel, la parodie libertine qui en est proposĂ©e ici est d'autant plus Ă©clatante.

La composition se dĂ©ploie du bas Ă  gauche vers le haut Ă  droite. Au premier plan Ă  gauche, un abbĂ© acolyte de l’évĂŞque, encore en soutane, prend Justine sur un canapĂ©. Ils tournent le dos Ă  la scène principale. Au centre de la gravure, l’évĂŞque, qui porte une croix autour du cou, jouit d’Eulalie, une jeune fille qu’il a aussi fait enlever, pendant que la Dubois, seins nus, le fustige. Il s’apprĂŞte Ă  dĂ©capiter Eulalie : sa main droite tient dĂ©jĂ  le cordon reliĂ© au sabre du mannequin. Enfin, la tĂŞte de mort du mannequin signifie l'issue fatale du scĂ©nario. A ces trois groupes (Justine et l'abbĂ©, l'Ă©vĂŞque entre la Dubois et Eulalie, le mannequin) correspondent les trois panneaux cintrĂ©s visibles du fond du cabinet, dans lesquels ils viennent plus ou moins s'inscrire.

Les 3 panneaux, où entrent les 3 groupes, fournissent la structure de base d'un triptyque, que l'artiste a fait pivoter d'un quart de tour. L'effet de pivotement est accentué par les rideaux de la verrière tout en haut, ramenés en trois ensembles eux-mêmes décalés par rapport aux cintres. La composition semble ainsi sortir d'un triptyque, qu'elle vient parodier. On peut penser aux triptyques centrés sur la représentation du martyre d'un saint (comme celui d'Erasme par Thierry Bouts, celui d'Hippolyte par Dieric Bouts), ou sur la crucifixion, l'érection ou la descente de croix (Cornelis Engelbrechtsz, Rubens à Anvers). Le principe est que le panneau central, représentant le supplice, est encadré par les panneaux latéraux, représentant des saints (Bouts), des spectateurs (Rubens) ou des épisodes adjacents (Engelbrechtsz). Ces épisodes constituent une narration que les fidèles, défilant devant l'autel où le triptyque est installé, peuvent lire dans son enchaînement. Chez Engelbrechtsz par exemple, la Crucifixion est suivie de la Transfiguration et de l'Ascension du Christ.

La gravure prend ostensiblement ici le contrepied de cette structure narrative apologĂ©tique : sodomie, dĂ©capitation et spectre de la mort sont les Ă©tapes de la procĂ©dure qu'elle dĂ©crit. Ces Ă©tapes s'ordonnent dans un cĂ´ne visuel dont le sommet est la Mort : le point originaire d'oĂą part la vision est un point de nĂ©antisation.

History :

1. Au-dessus de la gravure Ă  gauche « T. IV. Â», Ă  droite « P. 274. Â»

Textual Sources :
Sade, Donatien Alphonse François, marquis de (1740-1814)

Technical Data

Notice #001675

Image HD

Past ID :
A0994