David and Bathsheba (Raphael's dressing room, 11th bay) - Raphael's workshop

Le décor urbain est somptueux, deux palais sont disposés de part et d'autre d'une rue, celui du premier plan à gauche en enfilade, celui du fond de face. Sur celui de gauche, une femme est à sa toilette sur une petite terrasse décorée d'une frise représentant en bas-relief des combats. Bethsabée se peigne mais sa nudité indique qu’elle vient de se baigner.
Un roi est au balcon du palais du fond :

« sur le soir, David se leva de son lit. Il alla se promener sur la terrasse de la maison du roi. Du haut de la terrasse, il aperçut une femme qui se baignait. La femme était très belle » (II Samuel XI, 2) 

Raphaël reprend une mise en scène classique quand il s'agit de représenter David et Bethsabée : il s'agit de montrer la séduction comme un jeu érotique réciproque.
L’originalité de cette fresque est dans le défilé des soldats qui passent entre les deux palais. Des soldats lourdement  armés, partent en campagne, et quittent la scène par la gauche, ignorant la femme et le roi. Pourquoi ces soldats défilent-t-ils au milieu de la scène ?   
Le texte nous apprend que Bethsabée est mariée à Urie, officier de l’armée de David. Il est parti à la guerre, et c’est pendant cette absence qu’elle est séduite par David et se trouve enceinte. David fera alors revenir Urie et essaiera de le convaincre de coucher avec sa femme, pour endosser la paternité à venir. Mais c'est un échec : Urie sera alors envoyé en première ligne pour être tué. (II Samuel XI, 4-17)
Le génie du peintre est d’avoir placé Urie au centre de la mise en scène, alors que son existence est encore inconnue. On peut déceler un détail. Parmi les soldats, en bas à droite l’un, portant un petit casque rond et brun, se cache derrière son bouclier, tout en regardant vers les terrasses. Ne serait-ce pas Urie ? Il devine plus qu’il ne voit sa femme, mais il peut constater que sa beauté n’échappe pas au roi. Ainsi le peintre nous donne à comprendre l’entêtement ultérieur d’Urie, et le dilemme de David qui devra choisir entre l’aveu de sa faute et la mort de l’innocent.

Serge Ceruti