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Recherche infructueuse

Isaac blesses Jacob (The Holy Bible, Mame, 1866) - G. Doré

Description

A la faveur d'une ruse ourdie par son Ă©pouse RĂ©becca, Jacob bĂ©nit son fils cadet Isaac en lieu et place de son aĂ®nĂ© EsaĂĽ parti Ă  la chasse. Par cette bĂ©nĂ©diction, Jacob devient le chef de la lignĂ©e, et prendra finalement le nom d'IsraĂ«l. La ruse de RĂ©becca est racontĂ©e avec un luxe de dĂ©tails plutĂ´t inhabituel dans la Genèse :

Maintenant, fils, Ă©coute-moi et fais comme je t'ordonne. Va au troupeau et apporte-moi de lĂ  deux beaux chevreaux, et j'en prĂ©parerai un rĂ©gal pour ton père, comme il aime. Tu le prĂ©senteras Ă  ton père et il mangera, afin qu'il te bĂ©nisse avant de mourir. Jacob dit Ă  sa mère RĂ©becca : Vois : mon frère ÉsaĂĽ est velu, et moi j'ai la peau bien lisse. Peut-ĂŞtre mon père va-t-il me tâter, il verra que je me suis moquĂ© d elui et j'attirerai sur moi la malĂ©diction au lieu de la bĂ©nĂ©diciton. Mais sa mère lui rĂ©pondit : Je prends sur moi ta malĂ©diction, mon fils ! Écoute-moi seulement et va me chercher les chevreaux. Il alla les chercher et les apporta Ă  sa mère qui apprĂŞta un rĂ©gal comme son père aimait. RĂ©becca prit les plus beaux habits d'EsaĂĽ, son fils aĂ®nĂ©, qu'elle avait Ă  la maison, et en revĂŞtit Jacob, son fils cadet. Avec la peau des chevreaux elle lui couvrit les bras et la partie lisse du cou. Puis elle mit le rĂ©gal et le pain qu'elle avait apprĂŞtĂ©s entre les mains de son, fils Jacob. Il alla auprès de son père et dit : Mon père ! Celui-ci rĂ©pondit : Oui ! Qui es-tu, mon fils ? Jacob dit Ă  son père : Je suis EsaĂĽ, ton premier-nĂ©, j'ai fait ce que tu m'as commandĂ©. Lève-toi, je te prie, assieds-toi et mange de ma chasse, afin que ton âme me bĂ©nisse. Isaac dit Ă  Jacob : Comme tu as trouvĂ© vite, mon fils. — C'est, rĂ©pondit-il, que YahvĂ© ton Dieu m'a Ă©tĂ© propice. Isaac dit Ă  Jacob : Approche toi donc, que je te tâte, mon fils, pour savoir si oui ou non, tu es mon fils ÉsaĂĽ. Jacob s'approcha de son père Isaac, qui le tâta et dit : La voix est celle de Jacob, mais les bras sont ceux d'EsaĂĽ ! Il ne le reconnut pas car ses bras Ă©taient velus comme ceux d'ÉsaĂĽ son frère, et il le bĂ©nit. Il dit : Tu es bien mon fils ÉsaĂĽ ? Et l'autre rĂ©pondit : Oui. Isaac reprit : Sers-moi et que je mange de la chasse de mon fils, afin que mon âme te bĂ©nisse. Il le servit et il mangea, il lui prĂ©senta du vin et il but. Son père Isaac lui dit : Approche-toi et embrasse-moi, mon fils ! Il s'approcha et embrassa son père, qui respira l'odeur de ses vĂŞtements. Il le bĂ©nit ainsi : […] Que les peuples te servent, que des nations se prosternent devant toi ! Sois un maĂ®tre pour tes frères, que se prosternent devant toi les fils de ta mère ! Maudit soit qui te maudira, BĂ©ni soit qui te bĂ©nira ! Isaac avait achevĂ© de bĂ©nir Jacob et Jacob sortait tout juste de chez son père Isaac lorsque son frère EsaĂĽ rentra de la chasse. (Genèse 27, 8)

La scène de la bénédiction de Jacob jouit d'une tradition iconographique très importante. L'histoire y est généralement signifiée par les bras faussement velus de Jacob, par les regards d'intelligence échangés entre le fils et sa mère, par l’arrivée inopinée d’Esaü… Rien de tout cela ici. Gustave Doré préfère se concentrer sur la bénédiction donnée par le vieillard assis au bord de son lit, les deux bras solennellement tendus. Son fils à genoux, la tête inclinée, souligne la solennité pour ainsi dire liturgique de l’acte. La lumière surnaturelle qui baigne la scène manifeste la présence divine. A droite au second plan Rebecca debout à la porte, guettant une éventuelle arrivée d’Esaü rappelle le piège : techniquement, Rébecca fait le lien entre l'espace restreint de la scène, théâtralement marqué par l'absorbement des protagonistes, et l'espace vague du dehors. Mais dans la cour qu'elle regarde, nulle trace d'Ésaü, que traditionnellement on devrait voir revenir, trop tard, de la chasse (Julius Schnorr von Carolsfeld, Otto Delitsch composent leur scène ainsi). Des chameaux sont au repos, il ne se passe rien.

Au premier plan, le visage enfoui de Jacob n'est pas celui du jeune homme vif et astucieux qui berne son père, mais d'un fils témoignant respect et affection. Gustave Doré met ainsi en parallèle cette bénédiction avec celle qui marque le retour du Fils prodigue : la position relative des deux hommes est la même. Peut-être ne faut-il pas comprendre dès lors ce qui est ici représenté comme l'histoire d'une ruse et d'une fraude (comme le suggère le récit biblique), mais comme l'expression envers et contre tout d'un profond amour filial.

History :

1. Signé en bas à gauche « G. Doré », à droite « AGusmand Sc ».

Textual Sources :
Genèse

Technical Data

Notice #020658

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