Bradamante & Brunel chez l'aubergiste (Roland furieux Franceschi 1584 ch4) - G. Porro

L’image suit grosso modo la composition de la gravure de l’édition Valgrisi, mais modifie profondément la proportion entre les différents espaces.    
Au premier plan le petit épisode de l’auberge (str. 2-10), où Bradamante a rejoint Brunel, occupe désormais les trois quarts de la gravure. Le chien représenté de dos aboyant sert d’embrayeur de l’espace réel où se trouve le spectateur de la gravure vers l’espace de la représentation. Sur la droite, Bradamante paye l’aubergiste pour le cheval qu’il lui procure (str. 10), devant Brunel qui observe attentivement la transaction.    
A gauche, la famille de l’aubergiste sort, montrant du doigt Atlant sur son hippogriffe, en haut à droite. Au premier étage de l’auberge, sur la terrasse, Bradamante montre à Brunel l’hippogriffe.    
Tous les épisodes de la suite du chant IV (str. 11-72) sont représentés dans le quart supérieur droit de la gravure, comme un tableau dressé au fond de la cour de l’auberge. Une telle disposition produit un effet scénique, comme si un spectacle théâtral était donné à voir aux spectateurs de l’auberge.    
En bas de ce tableau, au centre, Bradamante et Brunel quittent la cour de l’auberge. A droite, Bradamante attache Brunel à un arbre. Au-dessus, à gauche, Bradamante défie Atlant qui fond sur elle depuis son hippogriffe. Sur la droite, Bradamante terrasse Atlant qui est malencontreusement descendu de son hippogriffe à gauche. Au centre, Bradamante et Atlant gravissent le rocher sur lequel se dresse le château d’Atlant. Ce château très élaboré est une création de Girolamo Porro.    
En haut à gauche, Bradamante regarde Roger s’envoler sur l’hippogriffe qui échappe à son contrôle. Elle reste seule avec son cheval et Frontin, le cheval de Roger. Cet épisode ne figure pas dans l’édition Valgrisi, qui se contente de représenter Roger disparaissant avec l’hippogriffe dans le lointain.    
Tout en haut, Girolamo Porro a représenté un bateau, un chevalier et une construction. Il peut s’agir du bateau de Renaud accostant en Écosse, de Renaud et de la citadelle de Saint Andrews. Mais le graveur, en n’indiquant aucun nom, laisse planer le doute.