Catherine of Alexandria's dispute with the philosophers... - Pinturicchio
Description
Dispute de Catherine dâAlexandrie contre les philosophes devant Maxence. Catherine, reprĂ©sentĂ©e en tunique bleue semĂ©e de croix dâor et manteau rouge, devant le trĂŽne de Maxence, au centre gauche de la fresque, serait le portrait de Lucrezia Borgia, fille du pape Alexandre VI. Pinturicchio sâest reprĂ©sentĂ© derriĂšre le trĂŽne de Maxence.
En 1493, LucrĂšce Borgia Ă©pouse Giovanni Sforza : le mariage sera annulĂ© en 1497, officiellement pour non consommation, en rĂ©alitĂ© pour des raisons diplomatiques (changements dâalliances des familles). Giovanni Sforza est-il le jeune homme vĂȘtu de rouge qui fait face au spectateur au premier plan Ă gauche, et vers lequel Lucrezia semble diriger ses regards ?
Un autre personnage, Ă lâarriĂšre-plan mais tout proche de Catherine-LucrĂšce, est coiffĂ© dâun turban : câest probablement Djem, le fils cadet de Mehmet II le conquĂ©rent de Constantinople en 1453. Djem, dĂ©trĂŽnĂ© par son frĂšre Bajazet, Ă©tait retenu par les Borgia Ă Rome et posa pour cette fresque.
Le personnage de dos au premier plan au centre pourrait reprĂ©senter CĂ©sar Borgia, qui venait dâĂȘtre nommĂ© cardinal : il porte le chapeau rouge et temps la main, gauche il ets vrai, vers une bible pour rejoindre le camp des chrĂ©tiensâŠ
LâarriĂšre-plan est occupĂ© par lâarc de Constantin, dominĂ© par un bĆuf (emblĂšme des Borgia) et portant lâinscription « PACIS CVLTORI » (« Ă lâartisan de la paix »), une citation antique qui devient ainsi le manifeste et le rĂ©sumĂ© du programme du pontife. Lâarc de Constantin fut Ă©rigĂ© Ă Rome en 315 pour commĂ©morer la victoire de Constantin, empereur chrĂ©tien, sur Maxence, empereur paĂŻen, au pont Milvius, en 312, oĂč Maxence mourut. On peut roujours le voir Ă Rome. La dĂ©coration en a Ă©tĂ© simplifiĂ©e et lâinscription PACIS CULTORI remplace un long texte et le haut de lâarc est aujourdâhui plat.
Jacques de Voragine, Légende dorée :
Catherine, ïŹlle du roi Costus, fut instruite dans lâĂ©tude de tous les arts libĂ©raux. Lâempereur Maxence avait convoquĂ© Ă Alexandrie les riches aussi bien que les pauvres, aïŹn de les faire tous immoler aux idoles, et pour punir les chrĂ©tiens qui ne le voudraient pas. Alors, Catherine, ĂągĂ©e de 18 ans, Ă©tait restĂ©e seule dans un palais plein de richesses et dâesclaves ; elle entendit les mugissements des divers animaux et les accords des chanteurs ; elle envoya donc aussitĂŽt un messager sâinformer de ce qui se passait. Quand elle lâeut appris, elle sâadjoignit quelques personnes, et se munissant du signe de la croix, elle quitta le palais et sâapprocha. Alors elle vit beaucoup de chrĂ©tiens qui, poussĂ©s par la crainte, se laissaient entraĂźner Ă offrir des sacriïŹces. BlessĂ©e au cĆur dâune profonde douleur, elle sâavança courageusement vers lâempereur et lui parla ainsi : « La dignitĂ© dont tu es revĂȘtu, aussi bien que la raison, exgeraient de moi de te faire la cour, si tu connaissais le crĂ©ateur du ciel, et si tu renonçais au culte des dieux. » Alors debout devant la porte du temple, elle discuta avec lâempereur, Ă lâaide des conclusions syllogistiques, sur une inïŹnitĂ© de sujets quâelle considĂ©ra au point de vue allĂ©gorique, mĂ©taphorique, dialectique et mystique. Revenant ensuite Ă un langage ordinaire, elle ajouta : « Je me suis attachĂ©e Ă tâexposer ces vĂ©ritĂ©s comme Ă un savant : or, maintenant pour quel motif as-tu inutilement rassemblĂ© cette multitude aïŹn quâelle adorĂąt de vaines idoles ? Tu admires ce temple Ă©levĂ© par la main des ouvriers ; tu admires des ornements prĂ©cieux que le vent envolera comme de la poussiĂšre. Admire plutĂŽt le ciel et la terre, la mer et tout ce quâils renferment, admire les ornements du ciel, comme le soleil, la lune et les Ă©toiles : admire leur obĂ©issance, depuis le commencement du monde jusquâĂ la ïŹn des temps ; la nuit et le jour, ils courent Ă lâoccident pour revenir Ă lâorient, sans se fatiguer jamais : puis quand tu auras remarquĂ© ces merveilles, cherche et apprends quel est leur maĂźtre ; lorsque, par un don de sa grĂące, tu lâauras compris et que tu nâauras trouvĂ© personne semblable Ă lui, adore-le, gloriïŹe-le : car il est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs. » Quand elle lui eut exposĂ© avec sagesse beaucoup de considĂ©rations touchant lâicnarnation du Fils, lâempereur stupĂ©fait ne sut que lui rĂ©pondre. EnïŹn revenu Ă lui : « Laisse, ĂŽ femme, dit-il, laisse-nous terminer le sacriïŹce, et ensuite nous te rĂ©pondrons. Il commanda alors de la mener au palais et de la garder avec soin ; il Ă©tait plein dâadmiration pour sa sagesse et sa beautĂ©. En effet elle Ă©tait parfaitement bien faite, et son incroyable beautĂ© la rendait aimable et agrĂ©able Ă tous ceux qui la voyaient. Le CĂ©sar vint au palais et dit Ă Catherine : « Nous avons pu apprĂ©cier ton Ă©loquence et admirer ta prudence, mais occupĂ©s Ă sacriïŹer aux dieux, nous nâavons pu comprendre exactement tout ce que tu as dit : or, avant de commencer, nous te demandons ton origine. » A cela Catherine rĂ©pondit : « Il est Ă©crit : « Ne te loue pas ni ne te dĂ©prĂ©cie toi-mĂȘme », ce que font les sots que tourmente la vaine gloire. Cependant jâavoue mon origine, non par jactance, mais par amour pour lâhumilitĂ©. Je suis Catherine, ïŹlle unique du roi Costus. Bien que nĂ©e dans la pourpre et instruite assez Ă fond dans les arts libĂ©raux, jâai mĂ©prisĂ© tout pour me rĂ©fugier auprĂšs du Seigneur J.-C. Quant aux dieux que tu adores, ils ne peuvent ĂȘtre dâaucun secours ni Ă toi, ni Ă dâautres. Oh! quâils sont malheureux les adorateurs de pareilles idoles qui, au moment oĂč on les invoque, nâassistent pas dans les nĂ©cessitĂ©s, ne secourent pas dans la tribulation et ne dĂ©fendent pas dans le pĂ©ril ! Le roi : « Sâil en est ainsi que tu le dis, tout le monde est dans lâerreur, et toi seule dis la vĂ©ritĂ© : cependant toute aïŹirmation doit ĂȘtre conïŹrmĂ©e par deux ou trois tĂ©moins. Quand tu serais un ange, quand tu serais une puissance cĂ©leste, personne ne devrait encore te croire ; combien moindre encore doit ĂȘtre la conïŹance en toi, car tu nâes quâune femme fragile ! » Catherine : « Je tâen conjure, CĂ©sar, ne te laisse pas dominer par ta fureur ; lâĂąme du sage ne doit pas ĂȘtre le jouet dâun funeste trouble, car le poĂšte a dit : « Si lâesprit te gouverne, tu seras roi, si câest le corps, tu seras esclave. » Lâempereur : « Je mâaperçois que tu te disposes Ă nous enlacer dans les ïŹlets dâune ruse empoisonnĂ©e, en appuyant tes paroles sur lâautoritĂ© des philosophes. » Alors 1âempereur, voyant quâil ne pouvait lutter contre la sagesse de Catherine, donna des ordres secrets pour adresser des lettres de convocation Ă tous les grammairiens et les rhĂ©teurs aïŹn quâils se rendissent de suite au prĂ©toire dâAlexandrie, leur promettant dâimmenses prĂ©sents, sâils rĂ©ussissaient Ă lâemporter par leurs raisonnements sur cette vierge discoureuse. On amena donc, de diffĂ©rentes provinces, cinquante orateurs qui surpassaient tous les mortels dans tous les genres de science mondaine. Ils demandĂšrent Ă lâempereur, pourquoi ils avaient Ă©tĂ© convoquĂ©s de si loin ; et CĂ©sar leur rĂ©pondit : « Il y a parmi nous une jeune ïŹlle incomparable par son bon sens et sa prudence ; elle rĂ©fute tous les sages, et affirme que tous les dieux sont des dĂ©mons. Si vous triomphez dâelle, vous retournerez chez vous comblĂ©s dâhonneurs. » Alors lâun dâeux plein dâindignation rĂ©pondit avec colĂšre : « Oh! la grande dĂ©termination dâun empereur qui, pour une discussion sans valeur avec une jeune ïŹlle, a convoquĂ© les savants des pays les plus Ă©loignĂ©s du monde, quand lâun de nos moindres Ă©coliers pouvait la confondre de la façon la plus leste ! » Lâempereur dit : « Je pouvais la contraindre par la force Ă sacriïŹer, ou bien lâĂ©touffer dans les supplices ; mais jâai pensĂ© quâil valait mieux quâelle restĂąt tout Ă fait confondue par vos arguments. » Ils lui dirent alors : â Quâon amĂšne devant nous la jeune ïŹlle et que, convaincue de sa tĂ©mĂ©ritĂ©, elle avoue nâavoir jusquâici jamais vu des savants. » Mais la vierge, ayant appris la lutte Ă laquelle elle Ă©tait rĂ©servĂ©e, se recommanda toute Ă Dieu ; et voici quâun ange du Seigneur se prĂ©senta devant elle et lâavertit de se tenir ferme, ajoutant que non seulement elle ne pourra ĂȘtre vaincue par ses adversaires, mais quâelle les convertira et quâelle leur frayera le chemin du martyre. Ayant donc Ă©tĂ© amenĂ©e devant les orateurs, elle dit Ă lâempereur : « Est-il juste que tu opposes une jeune ïŹlle Ă cinquante orateurs auxquels tu promets des gratiïŹcations pour la victoire, tandis que tu me forces Ă combattre sans mâoffrir lâespoir dâune rĂ©compense ? Cependant, pour moi, cette rĂ©compense sera N.-S. J.-C. qui est lâespoir et la couronne de ceux qui combattent pour lui. » Alors les orateurs ayant avancĂ© quâil Ă©tait impossible que Dieu se fĂźt homme et souffrĂźt, la vierge montra que cela avait Ă©tĂ© prĂ©dit mĂȘme par les gentils. Car Platon Ă©tablit que Dieu est un cercle, mais quâil est Ă©chancrĂ©. La sibylle a dit aussi : « Bienheureux est ce Dieu qui est suspendu au haut du bois. » Or, comme la vierge discutait avec la plus grande sagesse contre les orateurs quâelle rĂ©futait par des raisons Ă©videntes, ceux-ci, stupĂ©faits, et ne sachant quoi rĂ©pondre, furent rĂ©duits Ă un profond silence. Alors lâempereur, rempli contre eux dâune grande fureur, se mit Ă leur adresser des reproches de ce quâils sâĂ©taient laissĂ© vaincre si honteusement par une jeune ïŹlle. Lâun dâeux prit la parole et dit : « Tu sauras, empereur, que jamais personne nâa pu lutter avec nous, sans quâil nâeĂ»t Ă©tĂ© vaincu aussitĂŽt : mais cette jeune ïŹlle, dans laquelle parle lâesprit de Dieu, a tellement excitĂ© notre admiration que nous ne savons, ni nâosons absolument dire un mot contre le Christ. Alors, prince, nous avouons fermement que si tu nâapportes pas de meilleurs arguments en faveur des dieux que nous avons adorĂ©s jusquâĂ prĂ©sent, nous voici disposĂ©s Ă nous convertir tous Ă la foi chrĂ©tienne. » Le tyran, entendant cela, fut outrĂ© de colĂšre et ordonna de les faire brĂ»ler tous au milieu de la ville. Mais la vierge les fortiïŹa, et leur inspira la constance du martyre ; puis elle les instruisit avec soin dans la foi. Et comme ils regrettaient de mourir sans le baptĂȘme, la vierge leur dit : « Ne craignez rien, car lâeffusion de votre sang vous tiendra lieu de baptĂȘme et de couronne. »
Technical Data
Notice #009725